Choix de citations sur Marcel Schwob
par Bruno Fabre
Guillaume Apollinaire :
« [Un] écrivain incomparable »(La Revue immoraliste, avril 1905)
Léon Bloy :
« [Un] excellent artiste » (Mon Journal, 10 juin 1896)
Léon Blum :
« Toute page de Schwob offre le caractère de ce qui est écrit pour durer. […] Ses livres dureront. Je ne saurais dire à quelle place ils figureront dans l’histoire littéraire de notre temps, mais je sais qu’ils auront leur place. » (La Revue blanche, octobre 1896)
André Breton :
« Comment pourrai-je m’acquitter du nouveau crédit que, par l’indication si précieuse de l’œuvre de Marcel Schwob, votre amitié fit à ma reconnaissance ? » (Lettre d’André Breton à Paul Valéry, 14 février 1915).
Léon Daudet :
« Le bon Marcel Schwob, érudit, subtil, écrivain remarquablement doué et qui a exercé une influence indéniable sur plusieurs de sa génération » (Paris vécu – Rive gauche)
« Schwob n’était jaloux de personne, faisait valoir tous ses amis et cherchait partout des talents et des mérites ignorés. C’était une noble et généreuse nature » (Au temps de Judas)
Anatole France :
« Il n’y a que M. Marcel Schwob pour écrire tout jeune des récits d’un ton si ferme, d’une marche si sûre, d’un sentiment si puissant. […] Ces nouvelles sont toutes ou rares ou curieuses, d’un sentiment étrange, avec une sorte de magie de style et d’art. Cinq ou six, […] sont en leur genre de vrais chefs-d’œuvre. » (La Vie littéraire, 4e série, 1892)
« M. Marcel Schwob est le prince de la terreur. » (Le Temps, 27 novembre 1892)
André Gide :
« Je ne sais ce qu’il eût pu donner dans la suite, mais déjà ses Mimes, son Livre de Monelle et sa Croisade des enfants nous offrent des pages d’une perfection littéraire qu’il eût été difficile à lui-même de dépasser. » (Essais critiques)
« Il semble que M. Marcel Schwob sente un rapport entre la production hâtive d’une œuvre et le peu de durée de cette œuvre. Il produit moins pour durer plus. Rien ne s’oppose mieux aujourd’hui aux négligences journalistes que son œuvre brève, consciencieuse et très formée. » (Essais critiques)
« Il avait grand souci de diriger la curiosité intellectuelle de ses amis vers ce qu’il pensait qui pourrait les satisfaire. » (Journal, « feuillets »)
Edmond de Goncourt :
« C’est vraiment extraordinaire chez lui, cette science universelle, qui va de Tacite à Whitman, des auteurs les plus anciens aux auteurs les plus modernes et les plus exotiques! […] C’est un traducteur très séduisant avec son mot à mot trouvant si bien l’expression propre, ses petites hésitations balbutiantes devant un terme archaïque ou un terme d’argot, avec son intonation lente, a mezzo voce, qui, au bout de quelque temps, a le charme berçant d’une cantilène. » (Journal, 18 février et 4 mars 1894)
« Vous êtes le résurrectionniste le plus merveilleux, le plus illusionnant du passé ; vous êtes l’évocateur magique de l’Antiquité et cette antiquité héliogabalesque à laquelle vont les imaginations des penseurs et les pinceaux des peintres, de ces décadences et de ces fins de vieux mondes, mystérieusement perverses et macabres. » (Lettre d’Edmond de Goncourt à Marcel Schwob, novembre 1892)
Remy de Gourmont :
« C’est un écrivain des plus substantiels, de la race décimée de ceux qui ont toujours sur les lèvres quelques paroles neuves de bonne odeur. » (Le IIe Livre des masques)
Francis Jammes :
« Maeterlinck, Mallarmé et vous, voilà les princes de l’écriture. » (Lettre de Francis Jammes à Marcel Schwob, décembre 1899)
« Le génie de sa conversation ne faiblissait jamais, non plus que la scrupuleuse perfection de sa prose. » (Mémoires)
« Son savoir était extraordinaire. Mais il avait ce don exquis de se mettre à votre portée. » (Mémoires)
Alfred Jarry :
Schwob : « Celui qui sait » (Almanach du Père Ubu)
Paul Léautaud :
« [Ses livres] sont parfaits, on est forcé de le reconnaître, si éloigné qu’on soit de l’art qu’ils représentent. » (Le Mercure de France, 15 mars 1905 ; Passe-temps II).
« Toutes les littératures lui étaient familières, des plus reculées jusqu’aux plus récentes, et, doué d’une mémoire extraordinaire, il était devenu quelque chose comme une bibliothèque vivante. » (Le Mercure de France, 15 mars 1905 ; Passe-temps II).
Michel Leiris :
« Le don hallucinatoire d’un Marcel Schwob » (Frêle bruit).
« Cet écrivain qui est loin d’être estimé à sa juste valeur » (À cor et à cri).
Lugné-Poe :
« Ne jamais négliger une occasion indiquée par un esprit comme celui de Marcel Schwob » (Acrobaties).
Stéphane Mallarmé :
« Vous arrivez fréquemment à élever des chants poignants ou d’un souffle douloureux et très pur, avec les mots presque simples d’un conte et des somptuosités d’impressions ordinaires au lointain et aux rêves s’y mirent de très près, intimement, et composent des âmes ingénues. Tout cela, tragique, rare et quotidien, mêle quelque chose de totalement neuf et de si empreint dans l’âme. Je vous félicite beaucoup. » (Lettre de Stéphane Mallarmé à Marcel Schwob)
André Masson :
« […] Notre goût pour des poètes et des écrivains assez connus avant 1914-1918, incroyablement dédaignés après. Je n’en citerai qu’un : Marcel Schwob ; il comptait pour nous tous surtout pour Leiris qui ne manque jamais d’en parler quand s’en trouve l’occasion. » (« 45, rue Blomet »).
Octave Mirbeau :
« Vous êtres de ceux – des trois ou quatre ceux – qui me passionnent et me troublent étrangement. Je ne connais guère de plus mystérieux artiste que vous, ni de plus visionnaire penseur. Je voudrais aussi pouvoir coordonner les sensations fortes et particulières, et d’effroi et de vertige, que vos œuvres m’ont souvent données, et vous en offrir l’humble et ardent hommage dans un article. » (Lettre d’Octave Mirbeau à Marcel Schwob)
Henri de Régnier :
« L’auteur de Mimes et du Roi au masque d’or est un des esprits les plus sagaces et les plus scrupuleux de ce temps ; il a le goût de la perfection. » (Figures et caractères)
« Je goûtais en lui un conteur original et un écrivain d’un rare talent. » (Nos rencontres)
« Nul n’ignorait la merveilleuse étendue de son intelligence et sa prodigieuse connaissance de tout. Il y avait du Pic de la Mirandole chez ce singulier personnage à qui rien n’était étranger de tout ce qui s’était écrit et pensé à toutes les époques et dans tous les pays. Son universelle capacité d’esprit lui conférait une extraordinaire aptitude à tout comprendre et à tout pénétrer. Il lui était aussi facile d’expliquer un texte d’Eschyle qu’un tercet de Dante, de traduire une tirade de Shakespeare qu’une page de Cervantès. Toutes les littératures lui étaient familières, de leurs plus vieux auteurs aux plus modernes. Il se sentait aussi à l’aise dans les inventions orientales des Mille et une nuits que dans les imaginations mathématiques d’un Edgar Poe. Il avait lu tous les livres. » (Nos rencontres)
Jules Renard :
« Schwob, un homme de la pâte des Taine et des Renan » (Journal)
Rainer Maria Rilke :
« Je viens de lire à deux reprises La Croisade des enfants de Marcel Schwob, avec une profonde admiration et révérence, troublé au plus profond de moi. Quelle œuvre ! Et dire que je n’ai jamais entendu le nom de Marcel Schwob. Qui est-ce ? » (Lettre de Rainer Maria Rilke à O. J. Bierbaum, 17 août 1902)
André Salmon :
« Nul ne fut en chaire aussi profondément poète étant si parfaitement docte. » (Souvenirs sans fin)
Paul Valéry :
« Nos relations me conduisirent ainsi à considérer notre différence et son propre type comme un élément désormais nécessaire de ma propre définition. J’ai recours, quand je réfléchis, à son ombre. Je me demande quelle serait son objection. » (Lettre de Paul Valéry à Pierre Louÿs, 2 mars 1905)
« J’ai beaucoup connu Marcel Schwob, et il me souvient avec émotion de nos longues conversations au crépuscule, où cet esprit étrangement intelligent et passionnément perspicace m’instruisait de ses recherches, de ses pressentiments, de ses trouvailles, sur la piste de cette proie que lui était la vérité sur le cas Villon. Il y portait l’imagination inductive d’un Edgar Poe et la sagacité minutieuse d’un philologue rompu à l’analyse des textes, en même temps que ce goût singulier des êtres exceptionnels, des vies irréductibles à la vie ordinaire, qui lui a fait découvrir bien des livres et créer bien des valeurs littéraires. » (« Villon et Verlaine »)