La Porte des rêves, Chefs-d’œuvre de Marcel Schwob dans leur meilleure traduction, Tokyo, Kokusho-Kankōkaï, 2023, 311 p.
Le titre La Porte des rêves de cette publication est emprunté à l’anthologie de Marcel Schwob (Paris, Les Bibliophiles indépendants, Henry Floury, 1899), mais au lieu de reproduire son contenu (il n’y a que trois contes qui leur sont communs), il réunit, selon le goût de l’éditeur Isozaki Jun’ichi, vingt œuvres schwobiennes dans leurs versions japonaises d’autrefois, à savoir celles antérieures aux Œuvres complètes publiées à la même maison d’édition en 2015 ; la plus ancienne (« Récit du goliard »), due au poète et traducteur Uéda Bin (1874-1916), date de 1913 (paru dans Mita Bungaku, février 1913, p. 163-166). Le sous-titre du recueil se réfère à leur style archaïque.
On y trouve cinq contes de Cœur double : « Le Train 081 » par le pionnier des études françaises Suzuki Shintarō (1895-1970), « Le Conte des œufs » et « Le Dom » par le polygraphe Yanomé Gen’ichi (1896-1970), « Un squelette » par le poète et collectionneur Aoyagui Mizuho (1899-1971) et « Les Striges » par le germaniste Tanemura Suehiro (1933-2004) ; – six contes du Roi au masque d’or : « L’Incendie terrestre » et « Le Sabbat de Mofflaines » par Yanomé Gen’ichi, « Les Embaumeuses », « Les Milésiennes » et « La Cité dormante » par le romancier Hikagué Jōkichi (1908-1991), et « Le Roi au masque d’or » par le mallarméen Matsumuro Saburō (1926-2007) ; – quatre récits de La Croisade des enfants : « Récit du lépreux », « Récit du pape Innocent III » et « Récit du goliard » par Uéda Bin, le même « Récit du goliard » par le poète Horiguchi Daigaku (1892-1981), et « Récit de trois petits enfants » dans deux versions : celle du poète et angliciste Hinatsu Kōnosuké (1890-1971) et celle du francisant Yamanoüchi Yoshio (1894-1973) ; – et enfin cinq contes de Vies imaginaires : « Sufrah, géomancien » par Yanomé Gen’ichi, « Empédocle, dieu supposé », « Cratès, cynique », « Pétrone, romancier » et « Paolo Uccello, peintre » par le rabelaisien Watanabé Kazuo (1901-1975), et à titre de comparaison, les mêmes « Empédocle » et « Paolo Uccello », selon la traduction de Shibusawa Tatsuhiko (1928-1987), mais celui-ci n’en donne que le début.
Comme les contributeurs sont tous des hommes de lettres bien connus dans le pays, un japonisant pourra apprécier leur version en la collationnant avec celle des Œuvres complètes de 2015. [Takeshi Matsumura]