Marcel Schwob, « Die Coquillards und François Villon », « Der Jargon der Coquillards im Jahre 1455 », traduits du français par Gernot Krämer, Schreibheft. Zeitschrift für Literatur, n° 102, Essen, Rigodon Verlag, février 2024, p. 63-70 et 71-78.
Gernot Krämer est connu pour ses traductions en allemand d’œuvres de Guillaume Apollinaire, de Barbey d’Aurevilly, de Julien Gracq, de Joris-Karl Huysmans et de Marcel Schwob. Auteur d’une thèse sur ce dernier (Marcel Schwob, Werk und Poetik, Bielefeld, Aisthesis Verlag, 2005) et d’une traduction en allemand de Cœur double et du Voyage à Samoa[1], cet éminent schwobien a publié en 2024 une traduction de deux articles critiques de l’écrivain dans la revue de littérature Schreibheft. Il s’agit de textes consacrés à l’argot des Coquillards et aux relations entre cette bande de malfaiteurs et le poète François Villon[2] :
– « Les Coquillards et François Villon », minute d’une lecture faite à l’Académie des Inscriptions, le 2 avril 1890 ; publication posthume par Pierre Champion dans : Marcel Schwob, François Villon, Rédactions et Notes, Imprimerie de J. Dumoulin, 1912, p. 65-77.
– « Le Jargon des Coquillards[3] en 1455 », publié originellement dans les Mémoires de la Société de Linguistique de Paris (tome septième, 2e et 3e fascicules, 1890 et 1891, respectivement p. 168-183 et 296-320 ; rééd. Émile Bouillon, 1892).
Gernot Krämer a privilégié la première partie de cet article et les nombreuses notes de Schwob, laissant de côté les « Extraits du procès des Coquillards » et le « Glossaire du jargon de la Coquille[4] ».
Les deux textes sélectionnés s’inscrivent dans un dossier sur les six ballades en jargon de François Villon, publiées dans leur version originale et dans une traduction en allemand et en slang. Elles sont assorties de l’essai de Robert Louis Stevenson, « François Villon, student, poet and housebreaker » et d’autres articles critiques dont ceux de Schwob[5].
Au travers des écrits du jeune érudit (âgé alors de vingt-trois ans seulement), le lecteur germanophone est convié à une enquête philologique menée à partir du Procès des Coquillards en 1455, à Dijon, et au réexamen des poèmes de Villon en jargon, à la lumière de l’argot des malfaiteurs. Mais ces études de linguistique et d’histoire littéraire fournissent un autre plaisir : celui de se replonger dans l’atmosphère des contes de Schwob qui se déroulent au xve siècle et d’y retrouver certaines silhouettes des vies imaginaires d’Alain le Gentil et de Katherine la Dentellière. [B. F.]
[1] Marcel Schwob, Das gespaltene Herz, traduit et présenté par Gernot Krämer, Berlin, Elfenbein Verlag, 2005 ; Marcel Schwob, Manapouri, Reise nach Samoa 1901-1902, édition, traduction et postface de Gernot Krämer, Berlin, Elfenbein Verlag, 2017. Manapouri a reçu en octobre 2018 le premier prix récompensant les réalisations des maisons d’édition indépendantes en Allemagne.
[2] Les références des textes données par Gernot Krämer ne sont pas satisfaisantes.
[3] Schwob orthographie toujours « Coquillars » sans d, dans l’article original.
[4] Ces textes ont été recueillis plus tard dans Les Œuvres complètes de Marcel Schwob éditées par Pierre Champion (Mélanges d’Histoire littéraire et de Linguistique, vol. VII, 1928) et plusieurs fois republiés depuis, dans une leçon parfois différente (voir Marcel Schwob, Œuvres, texte établi et présenté par Sylvain Goudemare, Paris, Phébus, « libretto », p. 901-955).
[5] En fin de volume, une brève présentation de Marcel Schwob met surtout l’accent sur son activité de traducteur et évoque sommairement les traductions de son œuvre en langue allemande. Le texte de Jorge Luis Borges sur Vies imaginaires accompagne cette notice bibliographique.
