Après Le Capitaine écarlate, dessiné par Emmanuel Guibert, David B. donne un nouveau témoignage de sa dévotion à l’œuvre de Marcel Schwob. Il raconte cette fois l’histoire du « Gang des Postiches », qui défraya la chronique avec ses hold-up de banques dans les années 80. Mais si la bibliographie en fin de volume atteste que l’auteur s’est documenté sérieusement sur cette affaire, elle se termine par Le Roi au masque d’or de Marcel Schwob, le livre « des masques et des figures couvertes » publié en 1892. L’analogie est soulignée par la reprise du titre – modernisé – d’un conte de ce recueil : « Les Faulx Visaiges », et par le sous-titre bien schwobien : « Une vie imaginaire du gang des postiches ».
David B. imagine qu’un des membres du gang, Rouve, un jeune gitan de Montreuil, cocaïnomane, timoré et paranoïaque, se passionne pour l’histoire des bandits de Paris. « Il lit tout ce qu’il trouve sur le sujet et il interroge les vieux truands qui lui dévoilent leurs souvenirs. Ses connaissances lui ont permis de retrouver un tunnel utilisé par Cartouche au 18e siècle dans l’Île Saint-Louis. » (p. 42) David B. attribue donc à ce personnage l’idée des « postiches », que lui aurait inspirée la lecture des « Faulx-Visaiges ». Voici le dialogue correspondant avec ses comparses :
« Ça me fait penser à un truc. Vous connaissez Marcel Schwob ?
– Schwob ? C’est un juif ! Il est du quartier ?
– C’est un juif mais il n’est pas du quartier. C’était un écrivain. Il est mort maintenant ! Il a beaucoup écrit sur les bandits. Dans une de ses nouvelles, il parle d’une bande du Moyen-Âge : des chevaliers brigands pendant la guerre de cent ans ;
– Comme dans Thierry la Fronde ?
– Mieux que dans Thierry la Fronde ! Cette bande s’appelait « Les Faux Visages ». Ils portaient des masques peints comme des visages pour se cacher !
– Et alors ?
– Et alors, il faut faire comme eux. Pas se cacher avec des cagoules ou des foulards. On va se déguiser ! » (p. 43-44). (A.L.)
David B. et Hervé Tanquerelle, Les Faux visages – Une vie imaginaire du Gang des Postiches, Futuropolis, 2012, 152 p.