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5 vies imaginaires en BD !
Las vidas imaginarias de Schwob (2019)

Laura Pérez Vernetti, Las vidas imaginarias de Schwob, Prólogo de Felipe Hernández Cava, Luces de Gálibo, Girona / Málaga, 2019, 80 p.

 

On pourrait croire, avec un tel titre, qu’il s’agit d’une biographie fictionnelle de Marcel Schwob. En réalité, une fois ouvert, le volume montre un album de bandes dessinées qui adaptent cinq des vingt-deux vies imaginaires que l’écrivain a réunies en 1896. On y découvre successivement « Cecco Angiolieri », « Clodia », « Paolo Uccello », « Septima », « Gabriel Spenser ». Ce choix substitue à l’ordre chronologique du recueil de Schwob une alternance entre des artistes masculins de l’époque moderne et des femmes de l’Antiquité. Cette liberté par rapport à l’œuvre originale annonce d’autres innovations. Selon les récits, les textes présents dans les vignettes et les scénarios de ces vies montrent plus ou moins d’écarts, notamment en leur fin, qui s’émancipe parfois des biofictions originales. Une longue note liminaire des éditeurs éclaire ces modifications. Trois de ces bandes dessinées de Laura Pérez Vernetti furent publiées en 1983, dans la revue El Víbora, en collaboration avec d’autres scénaristes, notamment Onliyú (José Miguel González Marcén). Pour cet album, la dessinatrice a repensé et amplifié ces trois opus précurseurs afin d’harmoniser leur composition et leur unité graphique avec les deux vies inédites (« Septima » et « Cecco Angiolieri »), au dessin assez naïf, en noir et blanc. Le texte en espagnol est emprunté à la traduction de Vies imaginaires par Jorge Gonzales Batlle (Barcelona, Thule, 2005). Le poète Luis Alberto de Cuenca – écrivain majeur et traducteur prolifique, à qui l’on doit une traduction de La Croisade des enfants (La Cruzada de los niños, Reino de Cordelia, 2012) et au moins deux poèmes sur Marcel Schwob (voir Spicilège n° 6, 2013, p. 127-128) – a participé à la révision des scénarios de l’album. Laura Pérez Vernetti, titulaire du Grand prix au Salon international de la bande dessinée de Barcelone en 2018 pour l’ensemble de sa carrière de dessinatrice, signe ici, près de quarante ans après ses premières adaptations de Vies imaginaires, un livre important qui s’inscrit dans la longue série de bandes dessinées inspirées par l’œuvre ou la vie de Marcel Schwob. [B. F.]

 

Marcel Schwob et Marcel Proust
lectures (2019)

Marcel Schwob & Marcel Proust, lectures [Marcel Schwob, « Il libro della mia memoria » ; Marcel Proust, « Sur la lecture »], Angoulême, éd. Marguerite Waknine, coll. « livrets d’art », 2019, 50 p. et « cahier des images », 8 p. 

 

Après une réédition de La Croisade des enfants suivi de [huit] Nouvelles de L’Écho de Paris (2013) et d’un françois villon par R. L. Stevenson [« Un logis pour la nuit »] et Marcel Schwob, [« François Villon »] (sic, 2014), les éditions Marguerite Waknine confrontent à nouveau un texte de Schwob avec un autre d’un de ses contemporains fameux, Marcel Proust. Il fallait oser placer les noms de ces deux Marcel sur la même couverture mais l’éditeur voit en eux « deux immenses auteurs ». Ajoutons que les deux hommes de lettres se sont croisés parfois dans les salons mondains de leur époque et que le poète espagnol Luis Alberto de Cuenca les a réunis aussi dans le poème intitulé « Los dos Marcelos » (1991).

Sous le titre lectures, l’éditeur a recueilli le texte de Schwob « Il libro della mia memoria », paru initialement dans le premier numéro de la revue Vers et Prose (mars-avril-mai 1905), et celui de Proust « Sur la lecture », publié en juin 1905 dans La Renaissance latine, avant de devenir, l’année suivante, la préface à sa traduction française de Sésame et les Lys de John Ruskin. À l’instar des autres volumes de la collection « Livrets d’art », l’ouvrage comprend un beau cahier iconographique d’œuvres artistiques peu connues montrant des lecteurs et lectrices partageant les plaisirs évoqués par les deux écrivains. [B. F.]

 

 

« Le Pays bleu »
traduit en italien (2019)

Piccola Guida Tascabile ai Luoghi da non Frequentare in Letteratura, Overro come una buona conoscenza geografica può salvare la vita, Milano, ABEditore, avril 2019, 215 p.

À peine trois mois après le Petit Guide de poche des animaux dangereux en littérature, les éditions ABEditore récidivent avec un Petit Guide de poche des lieux à éviter en littérature où « Le Pays bleu » (Il paese blu) de Marcel Schwob, traduit par Annarita Tranfici, est recueilli aux côtés d’autres contes de Bram Stocker, O. Henry, Montague Rhodes James, Léon Bloy, Gustav Meyrink, Algernon Blackwood, Guy de Maupassant et Arthur Conan Doyle. L’ouvrage est aussi élégant que les précédents et toujours aussi agréablement illustré. [B. F.]

 

« Arachné »
traduit en italien (2019)

Piccola Guida Tascabile agli Animali Pericolosi in Letteratura, Ovvero la zoologia come espediente per la letteratura, Milano, ABEditore, janvier 2019, 190 p.

 

Marcel Schwob est vraiment à l’honneur dans la maison d’édition milanaise indépendante ABEditore. Après « Le Roi au masque d’or » publié dans Dentro la maschera, « Un Squelette » et « Les Embaumeuses », dans la collection « Pagine d’Autore », c’est au tour d’« Arachné » (Aracne) de figurer dans la toute récente anthologie de récits centrés autour des animaux dangereux en littérature. Dans ce volume, Schwob voisine cette fois avec William Wymark Jacobs, Guy de Maupassant, Joseph Sheridan Le Fanu, Ambrose Bierce, Montague Rhodes James, Adolfo Albertazzi et Franz Kafka. Un dessin représentant un visage surmonté d’une araignée géante illustre magnifiquement la fin du conte de Marcel Schwob. [B. F.]

 

« Un squelette » et « Les Embaumeuses »
traduits en italien (2018)

Doppio [Double], L’Imbustastorie « Pagine d’Autore », II, Milano, ABEditore, 2018.

Incubo [Cauchemar], L’Imbustastorie « Pagine d’Autore », IV, Milano, ABEditore, 2018.

Les éditions ABEditore ont lancé en 2018 une nouvelle collection, « Pagine d’Autore », constituée de pochettes contenant quatre ou cinq histoires d’écrivains issus de plusieurs aires linguistiques et traduites en italien par un groupe nommé la Bottega dei traduttori. Chaque texte est présenté sur un feuillet mobile, façon papier vieilli, avec un graphisme inspiré de revues ou de journaux anciens, de tapuscrits d’autrefois. Les titres et les contes des six premiers opus révèlent une thématique à dominante fantastique : Magie, Double, Rêve, Cauchemar, Animaux mortels, Plantes infâmes. Deux contes de Marcel Schwob y sont traduits par Annarita Tranfici : « Un squelette » (Lo Scheletro), recueilli dans Doppio, et « Les Embaumeuses » (Le Imbalsamatrici), dans Incubo. Illustrer le thème du double avec « Un squelette » est insolite et « Les Embaumeuses » ne se résume pas à un cauchemar mais le choix de ces textes, qui ne comptent pas parmi les plus célèbres de Cœur double et du Roi au masque d’or, a le mérite de les faire mieux connaître au lecteur italien. [B. F.]

 

Schwob, Meyrink, Maupassant, Poe
Dentro la maschera (2018)

Dentro la maschera [Marcel Schwob, « Il Re dalla Maschera d’Oro », trad. di Annarita Tranfici ; Gustav Meyrink, « L’Uomo sulla Bottiglia », trad. di Anna Marziliano ; Guy de Maupassant, « La Maschera », trad. di Lorena Lombardi ; Edgar Poe, « La Maschera della Morte Rossa », trad. di Valentina Avallone], dalla prefazione di Sara Elisa Riva, Milano, ABEditore, coll. « Piccoli Mondi », n° 11, 2018, 112 p.

 

Dans cette anthologie réunissant quatre histoires de masques traduites en italien, « Le Roi au masque d’or » de Marcel Schwob côtoie « L’Homme sur la bouteille » de Gustav Meyrink, « Le Masque » de Guy de Maupassant et « Le Masque de la mort rouge » d’Edgar Poe. L’ouvrage est décoré de citations d’auteurs divers et richement illustré de gravures anciennes (on reconnaît La Mort sur un cheval pâle de John Hamilton Mortimer) et d’œuvres d’artistes fin-de-siècle (Charles Allan Gilbert, Félicien Rops, notamment), représentant squelettes et Faucheuses, crânes masqués et danses macabres. La gravure placée en frontispice du « Roi au masque d’or » montrant un pape à tête de mort démasqué évoque davantage une vanité que le roi lépreux imaginé par Schwob. Une vignette aux allures de réclame (sur le rabat de 4e de couverture) présente l’auteur comme « écrivain symboliste précurseur du surréalisme » et recommande la lecture de Vies imaginaires. Son décor antiquisant et égyptien, dominé par un profil d’ibis inspiré d’un chromo, crée un nouveau masque de Marcel Schwob. [B. F.]

 

Cliquer ici pour d’autres images sur le site de l’éditeur.

 

« La Cité dormante » : un « conte pour cordes »
Fantasia par Alexandre Guerra (2018)

Alexandre Guerra, Fantasia, avec la participation du guitariste Chrystian Dozza, Orchestre Symphonique de Budapest, Inputsom Arte Sonora LTDA, CD enregistré à Budapest (Hongrie), 2018, 55 min.

Alexandre Guerra, compositeur brésilien né en 1971, a publié plusieurs albums de musique instrumentale. Son dernier CD, édité en 2018, propose une suite d’œuvres de sa composition enregistrée en Hongrie, où l’artiste a dirigé l’orchestre symphonique de Budapest. Intitulé Fantasia, l’album réunit cinq pièces musicales : une « Fantaisie pour guitare et orchestre » d’après un conte de Paolo Coelho, un « Lamento pour cordes » évoquant la destinée des Indiens du Brésil et trois opus intitulés « Conte pour cordes », inspirés respectivement par une œuvre de Marcel Schwob, d’Eça de Queiroz et de Rubem Alves. Le « Conte pour cordes n° 1 » (11,27 min), résonance musicale du conte fantastique « La Cité dormante » (Le Roi au masque d’or), confirme la vitalité de l’œuvre de Schwob dans la culture brésilienne. L’album est en libre accès sur internet. [B.F.]

 

https://www.deezer.com/fr/album/59194462

 

http://culturafm.cmais.com.br/cd-da-semana/a-magica-literatura-musical-de-alexandre-guerra

Rééditions de deux contes
de The King in The Golden Mask (2019)

Marcel Schwob, « The Death of Odjigh » « The Terrestrial Fire », The Big Book of Classic Fantasy, Edited by Ann et Jeff Vandermeer, Knopf Doubleday Publishing Group, 2019, 818 p.

En 2019, deux contes du Roi au masque d’or traduits par Kit Schluter (voir Spicilège n° 10, 2017, p. 158), « La Mort d’Odjigh » et « L’Incendie terrestre », ont été republiés dans une anthologie de récits fantastiques, The Big Book of Classic Fantasy. [B. F.]

Schwob Artaud Vasari
Vies de Paolo Uccello (2019)

Schwob Artaud Vasari, Vies de Paolo Uccello, Paris, éditions de l’éclat, 2019, 62 p.

 

Les éditions de l’éclat proposent une nouvelle publication de la onzième « vie imaginaire » de Marcel Schwob : celle de « Paolo Uccello, peintre ». Elle est ici accompagnée de la « vie » que lui avait consacrée au XVIe siècle le peintre Vasari, et de deux textes d’Antonin Artaud inspirés par celui de Schwob : « Paul les Oiseaux » (1924-25) et « Uccello, le poil » (1926). La préface de l’éditeur retrace l’histoire de la fascination exercée, de la Renaissance au surréalisme, par le chercheur obstiné de la perspective.

[A. L.]

 

Le Livre de Monelle
un des 100 courts chefs d’œuvre (2018)

Jean-Pierre Montal & Jean-Christophe Napias, 100 courts chefs d’œuvre, à lire en une heure, une soirée, une journée, le temps d’un voyage en train, Paris, La Table Ronde, coll. « La petite vermillon », 2018, 222 p.

Dans cette anthologie de notices invitant à découvrir ou à relire des œuvres littéraires d’une longueur de moins de cent cinquante pages, Jean-Pierre Montal et Jean-Christophe Napias proposent cent titres de fictions « disponibles en poche et en volume indépendant », en privilégiant les « livres bizarres » d’auteurs célèbres ou méconnus. Dans ce panthéon de la brièveté conçu pour les lecteurs découragés par les « gros livres », figure Le Livre de Monelle de Marcel Schwob, entre Mademoiselle Else d’Arthur Schnitzler et Le Vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepúlveda. Assorti d’une présentation courte mais bien renseignée et d’une citation élogieuse de Maeterlinck, Le Livre de Monelle est qualifié avec humour de chef-d’œuvre à lire « en pleine crise mystique ». Nulle nécessité pourtant d’être dans cet état pour apprécier ce court chef-d’œuvre ! [B. F.]