Actualités

« Le Pays bleu »
traduit en italien (2019)

Piccola Guida Tascabile ai Luoghi da non Frequentare in Letteratura, Overro come una buona conoscenza geografica può salvare la vita, Milano, ABEditore, avril 2019, 215 p.

À peine trois mois après le Petit Guide de poche des animaux dangereux en littérature, les éditions ABEditore récidivent avec un Petit Guide de poche des lieux à éviter en littérature où « Le Pays bleu » (Il paese blu) de Marcel Schwob, traduit par Annarita Tranfici, est recueilli aux côtés d’autres contes de Bram Stocker, O. Henry, Montague Rhodes James, Léon Bloy, Gustav Meyrink, Algernon Blackwood, Guy de Maupassant et Arthur Conan Doyle. L’ouvrage est aussi élégant que les précédents et toujours aussi agréablement illustré. [B. F.]

 

« Arachné »
traduit en italien (2019)

Piccola Guida Tascabile agli Animali Pericolosi in Letteratura, Ovvero la zoologia come espediente per la letteratura, Milano, ABEditore, janvier 2019, 190 p.

 

Marcel Schwob est vraiment à l’honneur dans la maison d’édition milanaise indépendante ABEditore. Après « Le Roi au masque d’or » publié dans Dentro la maschera, « Un Squelette » et « Les Embaumeuses », dans la collection « Pagine d’Autore », c’est au tour d’« Arachné » (Aracne) de figurer dans la toute récente anthologie de récits centrés autour des animaux dangereux en littérature. Dans ce volume, Schwob voisine cette fois avec William Wymark Jacobs, Guy de Maupassant, Joseph Sheridan Le Fanu, Ambrose Bierce, Montague Rhodes James, Adolfo Albertazzi et Franz Kafka. Un dessin représentant un visage surmonté d’une araignée géante illustre magnifiquement la fin du conte de Marcel Schwob. [B. F.]

 

« Un squelette » et « Les Embaumeuses »
traduits en italien (2018)

Doppio [Double], L’Imbustastorie « Pagine d’Autore », II, Milano, ABEditore, 2018.

Incubo [Cauchemar], L’Imbustastorie « Pagine d’Autore », IV, Milano, ABEditore, 2018.

Les éditions ABEditore ont lancé en 2018 une nouvelle collection, « Pagine d’Autore », constituée de pochettes contenant quatre ou cinq histoires d’écrivains issus de plusieurs aires linguistiques et traduites en italien par un groupe nommé la Bottega dei traduttori. Chaque texte est présenté sur un feuillet mobile, façon papier vieilli, avec un graphisme inspiré de revues ou de journaux anciens, de tapuscrits d’autrefois. Les titres et les contes des six premiers opus révèlent une thématique à dominante fantastique : Magie, Double, Rêve, Cauchemar, Animaux mortels, Plantes infâmes. Deux contes de Marcel Schwob y sont traduits par Annarita Tranfici : « Un squelette » (Lo Scheletro), recueilli dans Doppio, et « Les Embaumeuses » (Le Imbalsamatrici), dans Incubo. Illustrer le thème du double avec « Un squelette » est insolite et « Les Embaumeuses » ne se résume pas à un cauchemar mais le choix de ces textes, qui ne comptent pas parmi les plus célèbres de Cœur double et du Roi au masque d’or, a le mérite de les faire mieux connaître au lecteur italien. [B. F.]

 

Schwob, Meyrink, Maupassant, Poe
Dentro la maschera (2018)

Dentro la maschera [Marcel Schwob, « Il Re dalla Maschera d’Oro », trad. di Annarita Tranfici ; Gustav Meyrink, « L’Uomo sulla Bottiglia », trad. di Anna Marziliano ; Guy de Maupassant, « La Maschera », trad. di Lorena Lombardi ; Edgar Poe, « La Maschera della Morte Rossa », trad. di Valentina Avallone], dalla prefazione di Sara Elisa Riva, Milano, ABEditore, coll. « Piccoli Mondi », n° 11, 2018, 112 p.

 

Dans cette anthologie réunissant quatre histoires de masques traduites en italien, « Le Roi au masque d’or » de Marcel Schwob côtoie « L’Homme sur la bouteille » de Gustav Meyrink, « Le Masque » de Guy de Maupassant et « Le Masque de la mort rouge » d’Edgar Poe. L’ouvrage est décoré de citations d’auteurs divers et richement illustré de gravures anciennes (on reconnaît La Mort sur un cheval pâle de John Hamilton Mortimer) et d’œuvres d’artistes fin-de-siècle (Charles Allan Gilbert, Félicien Rops, notamment), représentant squelettes et Faucheuses, crânes masqués et danses macabres. La gravure placée en frontispice du « Roi au masque d’or » montrant un pape à tête de mort démasqué évoque davantage une vanité que le roi lépreux imaginé par Schwob. Une vignette aux allures de réclame (sur le rabat de 4e de couverture) présente l’auteur comme « écrivain symboliste précurseur du surréalisme » et recommande la lecture de Vies imaginaires. Son décor antiquisant et égyptien, dominé par un profil d’ibis inspiré d’un chromo, crée un nouveau masque de Marcel Schwob. [B. F.]

 

Cliquer ici pour d’autres images sur le site de l’éditeur.

 

« La Cité dormante » : un « conte pour cordes »
Fantasia par Alexandre Guerra (2018)

Alexandre Guerra, Fantasia, avec la participation du guitariste Chrystian Dozza, Orchestre Symphonique de Budapest, Inputsom Arte Sonora LTDA, CD enregistré à Budapest (Hongrie), 2018, 55 min.

Alexandre Guerra, compositeur brésilien né en 1971, a publié plusieurs albums de musique instrumentale. Son dernier CD, édité en 2018, propose une suite d’œuvres de sa composition enregistrée en Hongrie, où l’artiste a dirigé l’orchestre symphonique de Budapest. Intitulé Fantasia, l’album réunit cinq pièces musicales : une « Fantaisie pour guitare et orchestre » d’après un conte de Paolo Coelho, un « Lamento pour cordes » évoquant la destinée des Indiens du Brésil et trois opus intitulés « Conte pour cordes », inspirés respectivement par une œuvre de Marcel Schwob, d’Eça de Queiroz et de Rubem Alves. Le « Conte pour cordes n° 1 » (11,27 min), résonance musicale du conte fantastique « La Cité dormante » (Le Roi au masque d’or), confirme la vitalité de l’œuvre de Schwob dans la culture brésilienne. L’album est en libre accès sur internet. [B.F.]

 

https://www.deezer.com/fr/album/59194462

 

http://culturafm.cmais.com.br/cd-da-semana/a-magica-literatura-musical-de-alexandre-guerra

Rééditions de deux contes
de The King in The Golden Mask (2019)

Marcel Schwob, « The Death of Odjigh » « The Terrestrial Fire », The Big Book of Classic Fantasy, Edited by Ann et Jeff Vandermeer, Knopf Doubleday Publishing Group, 2019, 818 p.

En 2019, deux contes du Roi au masque d’or traduits par Kit Schluter (voir Spicilège n° 10, 2017, p. 158), « La Mort d’Odjigh » et « L’Incendie terrestre », ont été republiés dans une anthologie de récits fantastiques, The Big Book of Classic Fantasy. [B. F.]

Schwob Artaud Vasari
Vies de Paolo Uccello (2019)

Schwob Artaud Vasari, Vies de Paolo Uccello, Paris, éditions de l’éclat, 2019, 62 p.

 

Les éditions de l’éclat proposent une nouvelle publication de la onzième « vie imaginaire » de Marcel Schwob : celle de « Paolo Uccello, peintre ». Elle est ici accompagnée de la « vie » que lui avait consacrée au XVIe siècle le peintre Vasari, et de deux textes d’Antonin Artaud inspirés par celui de Schwob : « Paul les Oiseaux » (1924-25) et « Uccello, le poil » (1926). La préface de l’éditeur retrace l’histoire de la fascination exercée, de la Renaissance au surréalisme, par le chercheur obstiné de la perspective.

[A. L.]

 

Le Livre de Monelle
un des 100 courts chefs d’œuvre (2018)

Jean-Pierre Montal & Jean-Christophe Napias, 100 courts chefs d’œuvre, à lire en une heure, une soirée, une journée, le temps d’un voyage en train, Paris, La Table Ronde, coll. « La petite vermillon », 2018, 222 p.

Dans cette anthologie de notices invitant à découvrir ou à relire des œuvres littéraires d’une longueur de moins de cent cinquante pages, Jean-Pierre Montal et Jean-Christophe Napias proposent cent titres de fictions « disponibles en poche et en volume indépendant », en privilégiant les « livres bizarres » d’auteurs célèbres ou méconnus. Dans ce panthéon de la brièveté conçu pour les lecteurs découragés par les « gros livres », figure Le Livre de Monelle de Marcel Schwob, entre Mademoiselle Else d’Arthur Schnitzler et Le Vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepúlveda. Assorti d’une présentation courte mais bien renseignée et d’une citation élogieuse de Maeterlinck, Le Livre de Monelle est qualifié avec humour de chef-d’œuvre à lire « en pleine crise mystique ». Nulle nécessité pourtant d’être dans cet état pour apprécier ce court chef-d’œuvre ! [B. F.]

 

Traduction des poèmes d’Aleister Crowley
Le dit de Rodin (2018)

Aleister Crowley, Le dit de Rodin, avec sept lithographies d’Auguste Clot d’après des aquarelles d’Auguste Rodin. Traduction française de Philippe Pissier, précédée de « 49 toasts pour un siècle qui s’éloigne » d’André Murcie, [Le Vigan], L’arachnoïde, 2018, 160 p.

Première traduction en français du recueil de poésies symbolistes Rodin in Rime d’Aleister Crowley, poète excentrique et maître ès sciences occultes à la réputation sulfureuse, Le dit de Rodin réunit les quarante-deux poèmes publiés par l’auteur en 1907, inspirés par les sculptures de l’artiste. Une longue préface sur la « rencontre exemplaire » de Rodin et de Crowley accorde une place significative à Marcel Schwob. Plusieurs appendices complètent la connaissance de la relation entre le poète et le sculpteur qui se fréquentèrent lors du séjour de Crowley à Paris en 1903 : ils se composent de onze lettres de Rodin à Crowley, de deux poèmes traduits par Marcel Schwob, de sept autres traduits en français par le poète et de l’interview de Crowley par Fernand Hauser parue dans La Presse le 3 avril 1903 (organisée chez Schwob, lequel servit d’interprète). C’est donc davantage autour de ces trois artistes (Crowley, Rodin et Schwob) que cet ouvrage a été conçu. Malgré quelques erreurs dans les dates, cette édition permet de faire découvrir la poésie de Crowley au lecteur français et propose un double dialogue des arts, entre poésie et sculpture d’une part, entre les poèmes et les dessins reproduits dans le livre, d’autre part. [B.F.]

À paraître : Bruno Fabre, « Marcel Schwob dans les Confessions d’Aleister Crowley », Spicilège – Cahiers Marcel Schwob, n° 12, Paris, Société Marcel Schwob, 2019.

Réédition du conte « Arachné » (Cœur double )
Dans la toile d’Arachné (2019)

Dans la toile d’Arachné, Contes d’amour, de folie et de mort,  textes réunis, commentés et traduits par Sylvie Ballestra-Puech et Evanghélia Stead, Grenoble, éd. Jérôme Millon, coll. « nOmina« , 2019, 728 p.

 

Le conte « Arachné », un des joyaux de Cœur double, est intégré à une anthologie ambitieuse : un choix de vingt et un textes en cinq langues, écrits entre 1842 et 1983, explore les avatars du mythe de la femme-araignée avec lequel joue la littérature européenne depuis les Métamorphoses d’Ovide. Les deux autrices, spécialistes du thème arachnéen, ont privilégié ici, en l’accompagnant de quelques poèmes, le genre de la nouvelle fantastique moderne où sont travaillées savamment, entre terreur et humour, les composantes fantasmatiques d’un mythe « mineur » mais sécrétant indéfiniment le piège de sa toile de mots. Le trouble naît du désir transgressif et morbide, des incertitudes de la réversibilité comme du réseau intertextuel fascinant qui rappelle la tapisserie de l’héroïne ovidienne. La fin de siècle, représentée dans le domaine français par Jean Lorrain, Rachilde et Marcel Schwob, recourt à l’araignée pour figurer la femme fatale, l’amante ou la mère dévoratrice. Les textes sont présentés en version originale, avec en regard une traduction inédite ou revue, et sont assortis de longues notices à la fois informatives et profondément analytiques. Celle qu’Évanghélia Stead consacre à « Arachné », reprise de l’article « Arachné : le fil, la chaîne et la trame » (Marcel Schwob d’hier et d’aujourd’hui, Champ Vallon, 2002), éclaire magistralement l’art poétique de Schwob que ce conte illustre par sa charge symbolique comme par sa facture complexe. Le tissage étourdissant de ses motifs en fait non seulement un « conte d’amour, de folie et de mort », mais un « conte des contes ». [A. L.]