Traductions

The Assassins and other Stories / Double Heart
chez l’éditeur anglais Snuggly Books (2020)

Marcel Schwob, The Assassins and other Stories, translated and with an introduction by Sue Boswell, Snuggly Books, 2020, 142 p.

 

La maison d’édition anglaise Snuggly Books (Livres douillets) qui semble faire mystère de son siège – aucune indication trouvable ni dans le présent livre ni sur internet – met l’accent apparemment sur la littérature fin de siècle voire décadente ou fantastique. Nombre de livres de Jean Lorrain, Catulle Mendès, Éric Stenbock, Arthur Machen, Joris-Karl Huysmans, Léon Bloy, Renée Vivien et d’autres en témoignent. C’est dans ce contexte que s’insère la traduction de dix-neuf contes non-recueillis de Schwob par Sue Boswell qui a travaillé, entre autres, comme traductrice pour la Wiener Library for the Study of the Holocaust and Genocide à Londres. Dans son introduction, elle présente d’abord Schwob en esquissant brièvement le lacis de ses relations littéraires et sa position particulière en tant que poète érudit dans l’évolution du genre de la nouvelle, puis donne un bref aperçu des textes qui suivent en soulignant la polyvalence de l’auteur par rapport aux sujets et à la technique narrative. Les récits sont classés par ordre chronologique, de « Poupa », fragment d’un roman de jeunesse inachevé, jusqu’à « Towards Utopia » (Dialogues d’Utopie), tous les deux inédits du vivant de Schwob. Les autres, couvrant la période de 1889 à 1895, avaient tous paru dans des journaux, le plus souvent dans L’Écho de Paris. Il s’agit d’un enrichissement important de la liste des traductions de Schwob en d’autres langues, de même que l’édition de Cœur double que Snuggly Books vient de publier sous le titre :

Double Heart, translated by Brian Stableford, Snuggly Books, 2020, 290 p.

[Gernot Krämer]

 

 

Traductions de 2 vies imaginaires (Clodia, Erostrate)
dans 2 revues chiliennes (2019)

Marcel Schwob, « Clodia. Matrona impúdica », précédé de « Schwob : el biógrafo de la imaginación », traduction et introduction d’Eduardo Cobos, Carcaj, flechas de sentido [revue chilienne en ligne], 25 janvier 2019. http://carcaj.cl/schwob-el-biografo-de-la-imaginacion/

 

Marcel Schwob, « Eróstrato. Incendiario », traduction d’Eduardo Cobos, introduction de Juan Antonio Calzadilla, avec une xylographie de Germán Araya, Concreto Azul [revue chilienne en ligne], Santiago, 26 juin 2019. http://concretoazul.cl/erostrato-incendiario-de-marcel-schwob/

 

Eduardo Cobos, né en 1963 à Santiago du Chili, est chercheur, éditeur, traducteur et écrivain. Historien de formation, il a publié des contes dans des anthologies et plusieurs livres : Pequeños infectos (2005), La muerte y su dominio (2009), Venezuela : tres episodios de emancipación (2013), Historia del corvo (2018), Los últimos días de John McCormick (2018). En 2019, il a traduit en espagnol deux vies imaginaires de Marcel Schwob, « Clodia » et « Erostrate », publiées dans deux revues chiliennes en ligne (Carcaj, flechas de sentido et Concreto Azul). [B. F.]

Une nouvelle édition de Vidas imaginarias
illustrée par Elena Ferrándiz (2018)

Marcel Schwob, Vidas imaginarias, traducción de Jorge Gonzáles Batlle, ilustraciones de Elena Ferrándiz, Barcelona, Thule Ediciones, « narrativa illustrada », 2018, 160 p.

 

Spécialisées dans les livres illustrés pour enfants et adultes, les éditions Thule ont réédité en 2018 la traduction de Vies imaginaires par Jorge Gonzáles Batlle (parue pour la première fois en 2005 chez cet éditeur dans la collection « micro mundos »). La maquette, le format du livre (14,5 x 22 cm) et les illustrations d’Elena Ferrándiz magnifient l’ouvrage de Marcel Schwob. Chaque vie imaginaire est ornée d’un dessin en pleine page qui, la plupart du temps, présente un portrait du protagoniste. Celui de Pocahontas est un des plus intéressants : la jeune indienne, vue de dos, est la seule à ne pas montrer son visage, comme pour exprimer l’impossibilité pour le lecteur d’accéder à une connaissance autre que fictionnelle de l’existence des personnages du recueil. Le réemploi du portrait de Paolo Uccello sur la première de couverture confirme la prééminence de ce personnage central du recueil, tandis que la quatrième de couverture montre le portrait d’une femme qu’on ne retrouve pas dans le livre. Faut-il voir dans ce visage – inspiré peut-être par un des dessins préparatoires pour l’ange de La Vierge aux Rochers de Vinci – un ultime portrait imaginaire, celui de Selvaggia, la compagne d’Uccello ? [B. F.]

 


Traduction de Vies imaginaires en galicien
illustrée par 22 artistes (2017)

Marcel Schwob, Vidas imaxinarias, tradución ao galego de Samuel Solleiro, Allariz, Aira, 2017, 184 p.

 

 

La publication en 2017 de Vidas imaxinarias chez l’éditeur Aira est remarquable à double titre : c’est la première fois que cette œuvre de Marcel Schwob est traduite en galicien et le livre est illustré selon un dispositif inédit. Chacun des vingt-deux récits de l’auteur a été illustré par un artiste différent (illustrateurs, bédéistes, plasticiens), tous galiciens. À la diversité et l’unicité des vies imaginaires répondent l’univers et le graphisme personnels de vingt-deux images placées en regard du texte ou intégrées à lui, selon des formules diverses. L’ouvrage est précédé d’une préface de Xosé Miranda (« Por un realismo irreal ») qui présente l’auteur et sa postérité littéraire. La quatrième de couverture définit l’œuvre comme « un clásico da literatura francesa ». L’ouvrage occupe une place unique dans la série des livres illustrés de Vies imaginaires. [B. F.]

 

 

Nouvelle traduction de Voyage à Samoa
Viaje a Samoa, Buenos Aires (2019)

Marcel Schwob, Viaje a Samoa – Cartas a Marguerite Moreno. Incluye cartas inéditas en español. Traducción de Sofía Traballi. Prologo de Walter Romero. Los Lápices editora, colección « Lápices clásicos », Ciudad de Buenos Aires, 2019, 190 p.

 

Il existait déjà deux éditions en espagnol du « voyage à Samoa », établies à partir de la version peu satisfaisante de Pierre Champion (Marcel Schwob, Les Œuvres complètes de Marcel Schwob, F. Bernouard, 1930) : celle de José J. de Olañeta, traduite par Jaume Pomar (1982) et celle de Editorial Valdemar, traduite par Paloma Garrido ĺñigo (1996). Comme naguère Gernot Krämer en allemand (Manapouri, Reise nach Samoa, 1901-1902, Berlin, Elfenbein Verlag, 2017 – Voir Spicilège, Cahiers Marcel Schwob n° 11, 2018), Sofía Traballi a entrepris de traduire cette fois le texte rigoureusement établi par Bernard Gauthier à partir des lettres originales (Vers Samoa, Ombres, 2002), et de publier chez un éditeur adepte des récits de voyage cet ouvrage d’un auteur recommandé par Jorge Luis Borges. Elle a choisi de recourir, pour le texte français, à l’espagnol « rioplatense », et de mettre en notes, avec quelques autres éclaircissements, la traduction des passages en d’autres langues. Sa présentation éditoriale est suivie d’un beau prologue de Walter Romero, figure argentine en vue : ce professeur à l’Université de Buenos Aires est aussi traducteur, poète et musicien de tango. Sous le titre romantique « Marcel Schwob va en barco al muere », il montre comment ce corpus épistolaire clôt la longue tradition des récits de voyage en Orient et aux confins du monde connu. Après avoir souligné l’aimantation spectrale de Stevenson sur l’expédition de Schwob, il mène, sous l’égide de Mac Orlan (Petit manuel du parfait aventurier, 1920), une fine réflexion sur les paradoxes d’un voyage où l’on part sans parvenir, et d’une écriture, vrai salut d’un voyage « pour rien », qui efface l’antagonisme entre réel et imaginaire par sa qualité visionnaire. Les descriptions notamment, « ni symbolistes ni décadentes », seraient le produit d’une stéréoscopie alliant l’imagination et le paysage, et composeraient un cosmorama érudit, une suite de fantasmagories où une prose perfectionniste tente de traduire la magie naturelle d’un paysage de mousson. Cet ouvrage élégant est agrémenté de quatre portraits de Marguerite Moreno, destinataire des lettres, tandis que la première et la dernière page interprètent une photographie de Marcel Schwob. Le fond de la couverture à rabat, d’un orangé délicat, reproduit la lettre manuscrite retrouvée du 18 novembre 1901 ; la quatrième de couverture est accompagnée d’une vignette circulaire poétique représentant un voilier devant un rivage, entre ciel et mer. [A. L.]

 

 

 

5 vies imaginaires en BD !
Las vidas imaginarias de Schwob (2019)

Laura Pérez Vernetti, Las vidas imaginarias de Schwob, Prólogo de Felipe Hernández Cava, Luces de Gálibo, Girona / Málaga, 2019, 80 p.

 

On pourrait croire, avec un tel titre, qu’il s’agit d’une biographie fictionnelle de Marcel Schwob. En réalité, une fois ouvert, le volume montre un album de bandes dessinées qui adaptent cinq des vingt-deux vies imaginaires que l’écrivain a réunies en 1896. On y découvre successivement « Cecco Angiolieri », « Clodia », « Paolo Uccello », « Septima », « Gabriel Spenser ». Ce choix substitue à l’ordre chronologique du recueil de Schwob une alternance entre des artistes masculins de l’époque moderne et des femmes de l’Antiquité. Cette liberté par rapport à l’œuvre originale annonce d’autres innovations. Selon les récits, les textes présents dans les vignettes et les scénarios de ces vies montrent plus ou moins d’écarts, notamment en leur fin, qui s’émancipe parfois des biofictions originales. Une longue note liminaire des éditeurs éclaire ces modifications. Trois de ces bandes dessinées de Laura Pérez Vernetti furent publiées en 1983, dans la revue El Víbora, en collaboration avec d’autres scénaristes, notamment Onliyú (José Miguel González Marcén). Pour cet album, la dessinatrice a repensé et amplifié ces trois opus précurseurs afin d’harmoniser leur composition et leur unité graphique avec les deux vies inédites (« Septima » et « Cecco Angiolieri »), au dessin assez naïf, en noir et blanc. Le texte en espagnol est emprunté à la traduction de Vies imaginaires par Jorge Gonzales Batlle (Barcelona, Thule, 2005). Le poète Luis Alberto de Cuenca – écrivain majeur et traducteur prolifique, à qui l’on doit une traduction de La Croisade des enfants (La Cruzada de los niños, Reino de Cordelia, 2012) et au moins deux poèmes sur Marcel Schwob (voir Spicilège n° 6, 2013, p. 127-128) – a participé à la révision des scénarios de l’album. Laura Pérez Vernetti, titulaire du Grand prix au Salon international de la bande dessinée de Barcelone en 2018 pour l’ensemble de sa carrière de dessinatrice, signe ici, près de quarante ans après ses premières adaptations de Vies imaginaires, un livre important qui s’inscrit dans la longue série de bandes dessinées inspirées par l’œuvre ou la vie de Marcel Schwob. [B. F.]

 

« Le Pays bleu »
traduit en italien (2019)

Piccola Guida Tascabile ai Luoghi da non Frequentare in Letteratura, Overro come una buona conoscenza geografica può salvare la vita, Milano, ABEditore, avril 2019, 215 p.

À peine trois mois après le Petit Guide de poche des animaux dangereux en littérature, les éditions ABEditore récidivent avec un Petit Guide de poche des lieux à éviter en littérature où « Le Pays bleu » (Il paese blu) de Marcel Schwob, traduit par Annarita Tranfici, est recueilli aux côtés d’autres contes de Bram Stocker, O. Henry, Montague Rhodes James, Léon Bloy, Gustav Meyrink, Algernon Blackwood, Guy de Maupassant et Arthur Conan Doyle. L’ouvrage est aussi élégant que les précédents et toujours aussi agréablement illustré. [B. F.]

 

« Arachné »
traduit en italien (2019)

Piccola Guida Tascabile agli Animali Pericolosi in Letteratura, Ovvero la zoologia come espediente per la letteratura, Milano, ABEditore, janvier 2019, 190 p.

 

Marcel Schwob est vraiment à l’honneur dans la maison d’édition milanaise indépendante ABEditore. Après « Le Roi au masque d’or » publié dans Dentro la maschera, « Un Squelette » et « Les Embaumeuses », dans la collection « Pagine d’Autore », c’est au tour d’« Arachné » (Aracne) de figurer dans la toute récente anthologie de récits centrés autour des animaux dangereux en littérature. Dans ce volume, Schwob voisine cette fois avec William Wymark Jacobs, Guy de Maupassant, Joseph Sheridan Le Fanu, Ambrose Bierce, Montague Rhodes James, Adolfo Albertazzi et Franz Kafka. Un dessin représentant un visage surmonté d’une araignée géante illustre magnifiquement la fin du conte de Marcel Schwob. [B. F.]

 

« Un squelette » et « Les Embaumeuses »
traduits en italien (2018)

Doppio [Double], L’Imbustastorie « Pagine d’Autore », II, Milano, ABEditore, 2018.

Incubo [Cauchemar], L’Imbustastorie « Pagine d’Autore », IV, Milano, ABEditore, 2018.

Les éditions ABEditore ont lancé en 2018 une nouvelle collection, « Pagine d’Autore », constituée de pochettes contenant quatre ou cinq histoires d’écrivains issus de plusieurs aires linguistiques et traduites en italien par un groupe nommé la Bottega dei traduttori. Chaque texte est présenté sur un feuillet mobile, façon papier vieilli, avec un graphisme inspiré de revues ou de journaux anciens, de tapuscrits d’autrefois. Les titres et les contes des six premiers opus révèlent une thématique à dominante fantastique : Magie, Double, Rêve, Cauchemar, Animaux mortels, Plantes infâmes. Deux contes de Marcel Schwob y sont traduits par Annarita Tranfici : « Un squelette » (Lo Scheletro), recueilli dans Doppio, et « Les Embaumeuses » (Le Imbalsamatrici), dans Incubo. Illustrer le thème du double avec « Un squelette » est insolite et « Les Embaumeuses » ne se résume pas à un cauchemar mais le choix de ces textes, qui ne comptent pas parmi les plus célèbres de Cœur double et du Roi au masque d’or, a le mérite de les faire mieux connaître au lecteur italien. [B. F.]

 

Schwob, Meyrink, Maupassant, Poe
Dentro la maschera (2018)

Dentro la maschera [Marcel Schwob, « Il Re dalla Maschera d’Oro », trad. di Annarita Tranfici ; Gustav Meyrink, « L’Uomo sulla Bottiglia », trad. di Anna Marziliano ; Guy de Maupassant, « La Maschera », trad. di Lorena Lombardi ; Edgar Poe, « La Maschera della Morte Rossa », trad. di Valentina Avallone], dalla prefazione di Sara Elisa Riva, Milano, ABEditore, coll. « Piccoli Mondi », n° 11, 2018, 112 p.

 

Dans cette anthologie réunissant quatre histoires de masques traduites en italien, « Le Roi au masque d’or » de Marcel Schwob côtoie « L’Homme sur la bouteille » de Gustav Meyrink, « Le Masque » de Guy de Maupassant et « Le Masque de la mort rouge » d’Edgar Poe. L’ouvrage est décoré de citations d’auteurs divers et richement illustré de gravures anciennes (on reconnaît La Mort sur un cheval pâle de John Hamilton Mortimer) et d’œuvres d’artistes fin-de-siècle (Charles Allan Gilbert, Félicien Rops, notamment), représentant squelettes et Faucheuses, crânes masqués et danses macabres. La gravure placée en frontispice du « Roi au masque d’or » montrant un pape à tête de mort démasqué évoque davantage une vanité que le roi lépreux imaginé par Schwob. Une vignette aux allures de réclame (sur le rabat de 4e de couverture) présente l’auteur comme « écrivain symboliste précurseur du surréalisme » et recommande la lecture de Vies imaginaires. Son décor antiquisant et égyptien, dominé par un profil d’ibis inspiré d’un chromo, crée un nouveau masque de Marcel Schwob. [B. F.]

 

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