Traductions

Traduction de Vies imaginaires en galicien
illustrée par 22 artistes (2017)

Marcel Schwob, Vidas imaxinarias, tradución ao galego de Samuel Solleiro, Allariz, Aira, 2017, 184 p.

 

 

La publication en 2017 de Vidas imaxinarias chez l’éditeur Aira est remarquable à double titre : c’est la première fois que cette œuvre de Marcel Schwob est traduite en galicien et le livre est illustré selon un dispositif inédit. Chacun des vingt-deux récits de l’auteur a été illustré par un artiste différent (illustrateurs, bédéistes, plasticiens), tous galiciens. À la diversité et l’unicité des vies imaginaires répondent l’univers et le graphisme personnels de vingt-deux images placées en regard du texte ou intégrées à lui, selon des formules diverses. L’ouvrage est précédé d’une préface de Xosé Miranda (« Por un realismo irreal ») qui présente l’auteur et sa postérité littéraire. La quatrième de couverture définit l’œuvre comme « un clásico da literatura francesa ». L’ouvrage occupe une place unique dans la série des livres illustrés de Vies imaginaires. [B. F.]

 

 

Nouvelle traduction de Voyage à Samoa
Viaje a Samoa, Buenos Aires (2019)

Marcel Schwob, Viaje a Samoa – Cartas a Marguerite Moreno. Incluye cartas inéditas en español. Traducción de Sofía Traballi. Prologo de Walter Romero. Los Lápices editora, colección « Lápices clásicos », Ciudad de Buenos Aires, 2019, 190 p.

 

Il existait déjà deux éditions en espagnol du « voyage à Samoa », établies à partir de la version peu satisfaisante de Pierre Champion (Marcel Schwob, Les Œuvres complètes de Marcel Schwob, F. Bernouard, 1930) : celle de José J. de Olañeta, traduite par Jaume Pomar (1982) et celle de Editorial Valdemar, traduite par Paloma Garrido ĺñigo (1996). Comme naguère Gernot Krämer en allemand (Manapouri, Reise nach Samoa, 1901-1902, Berlin, Elfenbein Verlag, 2017 – Voir Spicilège, Cahiers Marcel Schwob n° 11, 2018), Sofía Traballi a entrepris de traduire cette fois le texte rigoureusement établi par Bernard Gauthier à partir des lettres originales (Vers Samoa, Ombres, 2002), et de publier chez un éditeur adepte des récits de voyage cet ouvrage d’un auteur recommandé par Jorge Luis Borges. Elle a choisi de recourir, pour le texte français, à l’espagnol « rioplatense », et de mettre en notes, avec quelques autres éclaircissements, la traduction des passages en d’autres langues. Sa présentation éditoriale est suivie d’un beau prologue de Walter Romero, figure argentine en vue : ce professeur à l’Université de Buenos Aires est aussi traducteur, poète et musicien de tango. Sous le titre romantique « Marcel Schwob va en barco al muere », il montre comment ce corpus épistolaire clôt la longue tradition des récits de voyage en Orient et aux confins du monde connu. Après avoir souligné l’aimantation spectrale de Stevenson sur l’expédition de Schwob, il mène, sous l’égide de Mac Orlan (Petit manuel du parfait aventurier, 1920), une fine réflexion sur les paradoxes d’un voyage où l’on part sans parvenir, et d’une écriture, vrai salut d’un voyage « pour rien », qui efface l’antagonisme entre réel et imaginaire par sa qualité visionnaire. Les descriptions notamment, « ni symbolistes ni décadentes », seraient le produit d’une stéréoscopie alliant l’imagination et le paysage, et composeraient un cosmorama érudit, une suite de fantasmagories où une prose perfectionniste tente de traduire la magie naturelle d’un paysage de mousson. Cet ouvrage élégant est agrémenté de quatre portraits de Marguerite Moreno, destinataire des lettres, tandis que la première et la dernière page interprètent une photographie de Marcel Schwob. Le fond de la couverture à rabat, d’un orangé délicat, reproduit la lettre manuscrite retrouvée du 18 novembre 1901 ; la quatrième de couverture est accompagnée d’une vignette circulaire poétique représentant un voilier devant un rivage, entre ciel et mer. [A. L.]

 

 

 

5 vies imaginaires en BD !
Las vidas imaginarias de Schwob (2019)

Laura Pérez Vernetti, Las vidas imaginarias de Schwob, Prólogo de Felipe Hernández Cava, Luces de Gálibo, Girona / Málaga, 2019, 80 p.

 

On pourrait croire, avec un tel titre, qu’il s’agit d’une biographie fictionnelle de Marcel Schwob. En réalité, une fois ouvert, le volume montre un album de bandes dessinées qui adaptent cinq des vingt-deux vies imaginaires que l’écrivain a réunies en 1896. On y découvre successivement « Cecco Angiolieri », « Clodia », « Paolo Uccello », « Septima », « Gabriel Spenser ». Ce choix substitue à l’ordre chronologique du recueil de Schwob une alternance entre des artistes masculins de l’époque moderne et des femmes de l’Antiquité. Cette liberté par rapport à l’œuvre originale annonce d’autres innovations. Selon les récits, les textes présents dans les vignettes et les scénarios de ces vies montrent plus ou moins d’écarts, notamment en leur fin, qui s’émancipe parfois des biofictions originales. Une longue note liminaire des éditeurs éclaire ces modifications. Trois de ces bandes dessinées de Laura Pérez Vernetti furent publiées en 1983, dans la revue El Víbora, en collaboration avec d’autres scénaristes, notamment Onliyú (José Miguel González Marcén). Pour cet album, la dessinatrice a repensé et amplifié ces trois opus précurseurs afin d’harmoniser leur composition et leur unité graphique avec les deux vies inédites (« Septima » et « Cecco Angiolieri »), au dessin assez naïf, en noir et blanc. Le texte en espagnol est emprunté à la traduction de Vies imaginaires par Jorge Gonzales Batlle (Barcelona, Thule, 2005). Le poète Luis Alberto de Cuenca – écrivain majeur et traducteur prolifique, à qui l’on doit une traduction de La Croisade des enfants (La Cruzada de los niños, Reino de Cordelia, 2012) et au moins deux poèmes sur Marcel Schwob (voir Spicilège n° 6, 2013, p. 127-128) – a participé à la révision des scénarios de l’album. Laura Pérez Vernetti, titulaire du Grand prix au Salon international de la bande dessinée de Barcelone en 2018 pour l’ensemble de sa carrière de dessinatrice, signe ici, près de quarante ans après ses premières adaptations de Vies imaginaires, un livre important qui s’inscrit dans la longue série de bandes dessinées inspirées par l’œuvre ou la vie de Marcel Schwob. [B. F.]

 

« Le Pays bleu »
traduit en italien (2019)

Piccola Guida Tascabile ai Luoghi da non Frequentare in Letteratura, Overro come una buona conoscenza geografica può salvare la vita, Milano, ABEditore, avril 2019, 215 p.

À peine trois mois après le Petit Guide de poche des animaux dangereux en littérature, les éditions ABEditore récidivent avec un Petit Guide de poche des lieux à éviter en littérature où « Le Pays bleu » (Il paese blu) de Marcel Schwob, traduit par Annarita Tranfici, est recueilli aux côtés d’autres contes de Bram Stocker, O. Henry, Montague Rhodes James, Léon Bloy, Gustav Meyrink, Algernon Blackwood, Guy de Maupassant et Arthur Conan Doyle. L’ouvrage est aussi élégant que les précédents et toujours aussi agréablement illustré. [B. F.]

 

« Arachné »
traduit en italien (2019)

Piccola Guida Tascabile agli Animali Pericolosi in Letteratura, Ovvero la zoologia come espediente per la letteratura, Milano, ABEditore, janvier 2019, 190 p.

 

Marcel Schwob est vraiment à l’honneur dans la maison d’édition milanaise indépendante ABEditore. Après « Le Roi au masque d’or » publié dans Dentro la maschera, « Un Squelette » et « Les Embaumeuses », dans la collection « Pagine d’Autore », c’est au tour d’« Arachné » (Aracne) de figurer dans la toute récente anthologie de récits centrés autour des animaux dangereux en littérature. Dans ce volume, Schwob voisine cette fois avec William Wymark Jacobs, Guy de Maupassant, Joseph Sheridan Le Fanu, Ambrose Bierce, Montague Rhodes James, Adolfo Albertazzi et Franz Kafka. Un dessin représentant un visage surmonté d’une araignée géante illustre magnifiquement la fin du conte de Marcel Schwob. [B. F.]

 

« Un squelette » et « Les Embaumeuses »
traduits en italien (2018)

Doppio [Double], L’Imbustastorie « Pagine d’Autore », II, Milano, ABEditore, 2018.

Incubo [Cauchemar], L’Imbustastorie « Pagine d’Autore », IV, Milano, ABEditore, 2018.

Les éditions ABEditore ont lancé en 2018 une nouvelle collection, « Pagine d’Autore », constituée de pochettes contenant quatre ou cinq histoires d’écrivains issus de plusieurs aires linguistiques et traduites en italien par un groupe nommé la Bottega dei traduttori. Chaque texte est présenté sur un feuillet mobile, façon papier vieilli, avec un graphisme inspiré de revues ou de journaux anciens, de tapuscrits d’autrefois. Les titres et les contes des six premiers opus révèlent une thématique à dominante fantastique : Magie, Double, Rêve, Cauchemar, Animaux mortels, Plantes infâmes. Deux contes de Marcel Schwob y sont traduits par Annarita Tranfici : « Un squelette » (Lo Scheletro), recueilli dans Doppio, et « Les Embaumeuses » (Le Imbalsamatrici), dans Incubo. Illustrer le thème du double avec « Un squelette » est insolite et « Les Embaumeuses » ne se résume pas à un cauchemar mais le choix de ces textes, qui ne comptent pas parmi les plus célèbres de Cœur double et du Roi au masque d’or, a le mérite de les faire mieux connaître au lecteur italien. [B. F.]

 

Schwob, Meyrink, Maupassant, Poe
Dentro la maschera (2018)

Dentro la maschera [Marcel Schwob, « Il Re dalla Maschera d’Oro », trad. di Annarita Tranfici ; Gustav Meyrink, « L’Uomo sulla Bottiglia », trad. di Anna Marziliano ; Guy de Maupassant, « La Maschera », trad. di Lorena Lombardi ; Edgar Poe, « La Maschera della Morte Rossa », trad. di Valentina Avallone], dalla prefazione di Sara Elisa Riva, Milano, ABEditore, coll. « Piccoli Mondi », n° 11, 2018, 112 p.

 

Dans cette anthologie réunissant quatre histoires de masques traduites en italien, « Le Roi au masque d’or » de Marcel Schwob côtoie « L’Homme sur la bouteille » de Gustav Meyrink, « Le Masque » de Guy de Maupassant et « Le Masque de la mort rouge » d’Edgar Poe. L’ouvrage est décoré de citations d’auteurs divers et richement illustré de gravures anciennes (on reconnaît La Mort sur un cheval pâle de John Hamilton Mortimer) et d’œuvres d’artistes fin-de-siècle (Charles Allan Gilbert, Félicien Rops, notamment), représentant squelettes et Faucheuses, crânes masqués et danses macabres. La gravure placée en frontispice du « Roi au masque d’or » montrant un pape à tête de mort démasqué évoque davantage une vanité que le roi lépreux imaginé par Schwob. Une vignette aux allures de réclame (sur le rabat de 4e de couverture) présente l’auteur comme « écrivain symboliste précurseur du surréalisme » et recommande la lecture de Vies imaginaires. Son décor antiquisant et égyptien, dominé par un profil d’ibis inspiré d’un chromo, crée un nouveau masque de Marcel Schwob. [B. F.]

 

Cliquer ici pour d’autres images sur le site de l’éditeur.

 

La Cité dormante (Le Roi au masque d’or)
Die schlafende Stadt (1998)

Marcel Schwob, Die schlafende Stadt [« La Cité dormante », Le Roi au masque d’or], traduction de Wolfram Benda, 2 gravures de Michael Knobel, Bayreuth, The Bear Press, 1998, 6 p., 20,5 x 30 cm, 120 exemplaires.

 

Fondateur en 1979 des éditions The Bear Press, Wolfram Benda propose des œuvres de la littérature mondiale dans des éditions de luxe au tirage très limité, en utilisant des techniques artisanales traditionnelles. Une attention particulière est portée à la confection du livre, à son format, à sa couverture, à son impression, au choix de l’illustrateur, à la police de caractères et au papier précieux, adaptés à la singularité du texte.

En 1998, le conte de Schwob « La Cité dormante » (Le Roi au masque d’or) a été traduit et publié séparément par cette maison d’édition, dans une série de cahiers plus courts, tout aussi élégants. Tiré à cent vingt exemplaires, l’ouvrage de format 20,5 x 30 cm, à la couverture souple marron et au texte en caractères Blado italique, comporte deux gravures originales en deux couleurs (noir et brun). Chaque exemplaire est signé au crayon par l’artiste, Michael Knobel, sur la dernière page. À une ville endormie et fantomatique, l’illustrateur substitue les ruines d’une cité apparemment détruite, tout en transposant l’univers fantastique de ce conte : le mystère de visages figés et de gestes au sens ambigu et multiple fait résonner l’étrange et le divers schwobien inhérents à ce conte. [B. F.]

 

L’éditeur a également publié une sélection de sept vies imaginaires de Marcel Schwob (« Empedokles », « Septima », « Clodia », « Petronius », « Gabriel Spenser », « Kapitän Kid » « Die Herren Burke und Hare ») sous le titre : Lebensbilder, traduction et postface d’Ulrich Schödlbauer, 7 gravures à la pointe sèche de Hans Fronius, Bayreuth, The Bear Press, 1984, 100 p., 16,5 x 25 cm. 75 exemplaires.

 

 

Rééditions de deux contes
de The King in The Golden Mask (2019)

Marcel Schwob, « The Death of Odjigh » « The Terrestrial Fire », The Big Book of Classic Fantasy, Edited by Ann et Jeff Vandermeer, Knopf Doubleday Publishing Group, 2019, 818 p.

En 2019, deux contes du Roi au masque d’or traduits par Kit Schluter (voir Spicilège n° 10, 2017, p. 158), « La Mort d’Odjigh » et « L’Incendie terrestre », ont été republiés dans une anthologie de récits fantastiques, The Big Book of Classic Fantasy. [B. F.]