« La Main de gloire »
Publication d’une anthologie de mains enchantées

« La Main de gloire » et autres mains enchantées

 

Publié le 11 mars 1893 dans L’Écho de Paris, le conte « La Main de gloire » ne fut pas recueilli du vivant de son auteur Marcel Schwob, qui délaissa alors le registre fantastique au profit de son cycle symboliste. On le trouve, rassemblé avec d’autres textes de Schwob, sous le titre « Chroniques » (Œuvres complètes, éd. de Pierre Champion, Bernouard, 1930), Dialogues d’utopie (éd. de Bernard Gauthier, Ombres, 2001) et « Contes de L’Écho » (Œuvres, éd. de Sylvain Goudemare, Phébus, 2002). Voici que la Librairie Otrante, en l’extrayant de ces ensembles hétérogènes et peu signifiants, intègre « La Main de gloire » à une anthologie thématique, Mains enchantées, et autres mains du diable, qui réunit seize nouvelles allemandes, anglaises et françaises du XIXe siècle consacrées à ce motif singulier. Du texte de Wilhelm Hauff (1825), cité par Freud dans L’inquiétante étrangeté, à ceux de Conan Doyle et Verlaine (1899), en passant par Nerval, Gautier, Maupassant et d’autres, la « fantasmagorie de la main », cette main « qui échappe » et porte le maléfice, se décline selon diverses modalités de l’épouvante, parfois teintée d’humour. Le conte de Schwob, situé sur la lande anglaise et narré par un témoin, se démarque cependant de ces topoi du genre par sa concision elliptique et énigmatique. L’imagination de Schwob lui a donné des prolongements dans les deux contes suivants : « Rampsinit » (25 mars 1893) commence sur la mention de « la main d’un mort », tandis que « La Reine Mandosiane » (8 avril 1893, intégré ensuite aux « Sœurs de Monelle »), reprend sur le mode mélancolique l’intimité des deux servantes de ferme confrontées au surnaturel. [A.L.]

Mains enchantées, et autres mains du diable. Anthologie. De Hauff à Conan Doyle, 1825-1899, préface de Florian Balduc, Editions Otrante, 2015, 198 p.

Mains de gloire