La légendaire Croisade des enfants s’enracine autant en Allemagne qu’en France. Aussi le récit poétique de Marcel Schwob (1896) fut-il traduit en allemand dès 1902. Mais c’est la traduction d’Arthur Seiffhart (1914), reprise en 1947, 1949, 1966, qui continue à faire référence jusqu’à la réédition actuelle, chez Elfenbein. Orné en première de couverture d’une reproduction de la fameuse gravure de Gustave Doré, l’ouvrage offre à lire le texte en fines italiques, suggérant élégamment l’ancienneté de ces dits. C’est la deuxième fois que l’éditeur berlinois publie une œuvre de Marcel Schwob, qu’il présente comme « un des chefs de file de l’Avant-garde littéraire française ». En 2005, il avait publié Cœur double, avec les bois de Fernand Siméon, traduit et richement présenté par Gernot Krämer. Excellent connaisseur de l’œuvre de Schwob, celui-ci consacre ici à La Croisade des enfants une postface de dix pages qui en expose les sources, le contexte et la technique de narration, analyse chacun des récits, évoque l’adaptation musicale de G. Pierné et retranscrit la lettre émerveillée de R. M. Rilke. (A.L.)
Marcel Schwob, Des Kinderkreuzzug, traduit par Arthur Seiffhart, postface de Gernot Krämer, Elfenbein Verlag, Berlin, 2012, 46 p.
Marcel Schwob, Das gespaltene Herz, traduit et présenté par Gernot Krämer, Elfenbein Verlag, Berlin, 2005, 255 p.