Tous les articles par Bruno Fabre

Réédition du conte « La Terreur future » (Cœur double)
Robots et Chaos (2018)

Robots et Chaos, textes réunis et présentés par Christian Poslaniec, Paris, L’école des loisirs « classiques », 2018, 216 p.

 

Chef-d’œuvre de politique-fiction fantastique qui sert de clôture à « La Légende des gueux », seconde partie du premier recueil publié par Marcel Schwob (Cœur double, 1891), « La Terreur future », peu réédité, est intégré à une anthologie pour la jeunesse intitulée Robots et Chaos. Douze textes se succèdent selon une chronologie approximative : quatre extraits de précurseurs du genre (de Cyrano de Bergerac à Micromégas) et du fondamental Frankenstein de Mary Shelley, puis huit récits intégraux d’auteurs français et anglo-saxons, de la Belle Époque aux années trente, traduits ou retraduits par l’auteur du recueil en ce qui concerne les derniers. Dans une introduction claire et brève, Christian Poslaniec définit les contours de la science-fiction, sans toutefois justifier précisément le beau titre de son recueil. Celui-ci ne comporte pas d’iconographie sauf la photographie, en couverture, d’un robot humanoïde. Les textes, pourvus de notes rares et succinctes (simples explications lexicales), sont accompagnés d’une brève présentation liminaire. Celle de « La Terreur future » évoque pour finir « des massacreurs obnubilés par une idéologie extrémiste, comme le furent Hitler, Franco, Staline ou Pinochet, qui avaient leurs propres exécuteurs, humains, mais mentalement robotisés ». Cette interprétation à vocation pédagogique, en proposant au passé des exemples de dictateurs du XXe siècle, est à la fois réductrice et trompeuse en ce qu’elle occulte le contexte de la rédaction (le centenaire de la Révolution française) ainsi que la dimension anticipatrice ouverte de cette terreur « future », qui en fait un véritable récit de science-fiction, et une des meilleures illustrations du thème « robots et chaos ». [A. L.]

 

 

Une nouvelle édition de Vidas imaginarias
illustrée par Elena Ferrándiz (2018)

Marcel Schwob, Vidas imaginarias, traducción de Jorge Gonzáles Batlle, ilustraciones de Elena Ferrándiz, Barcelona, Thule Ediciones, « narrativa illustrada », 2018, 160 p.

 

Spécialisées dans les livres illustrés pour enfants et adultes, les éditions Thule ont réédité en 2018 la traduction de Vies imaginaires par Jorge Gonzáles Batlle (parue pour la première fois en 2005 chez cet éditeur dans la collection « micro mundos »). La maquette, le format du livre (14,5 x 22 cm) et les illustrations d’Elena Ferrándiz magnifient l’ouvrage de Marcel Schwob. Chaque vie imaginaire est ornée d’un dessin en pleine page qui, la plupart du temps, présente un portrait du protagoniste. Celui de Pocahontas est un des plus intéressants : la jeune indienne, vue de dos, est la seule à ne pas montrer son visage, comme pour exprimer l’impossibilité pour le lecteur d’accéder à une connaissance autre que fictionnelle de l’existence des personnages du recueil. Le réemploi du portrait de Paolo Uccello sur la première de couverture confirme la prééminence de ce personnage central du recueil, tandis que la quatrième de couverture montre le portrait d’une femme qu’on ne retrouve pas dans le livre. Faut-il voir dans ce visage – inspiré peut-être par un des dessins préparatoires pour l’ange de La Vierge aux Rochers de Vinci – un ultime portrait imaginaire, celui de Selvaggia, la compagne d’Uccello ? [B. F.]

 


Traduction de Vies imaginaires en galicien
illustrée par 22 artistes (2017)

Marcel Schwob, Vidas imaxinarias, tradución ao galego de Samuel Solleiro, Allariz, Aira, 2017, 184 p.

 

 

La publication en 2017 de Vidas imaxinarias chez l’éditeur Aira est remarquable à double titre : c’est la première fois que cette œuvre de Marcel Schwob est traduite en galicien et le livre est illustré selon un dispositif inédit. Chacun des vingt-deux récits de l’auteur a été illustré par un artiste différent (illustrateurs, bédéistes, plasticiens), tous galiciens. À la diversité et l’unicité des vies imaginaires répondent l’univers et le graphisme personnels de vingt-deux images placées en regard du texte ou intégrées à lui, selon des formules diverses. L’ouvrage est précédé d’une préface de Xosé Miranda (« Por un realismo irreal ») qui présente l’auteur et sa postérité littéraire. La quatrième de couverture définit l’œuvre comme « un clásico da literatura francesa ». L’ouvrage occupe une place unique dans la série des livres illustrés de Vies imaginaires. [B. F.]

 

 

« Le roi au masque d’or » chanté
par le groupe pop rock Wolf Parade (2020)

Wolf Parade, « The Static Age » [chanson], Thin Mind, album CD produit par John Goodmanson, Royal Mountain Records, Sub Pop Records, janvier 2020, 43 min. Paroles : Dan Boeckner.

 

Thin Mind est le cinquième album studio du groupe pop rock canadien Wolf Parade. Le cinquième titre de l’album, intitulé « The Static Age », fait allusion au personnage du roi au masque d’or, créé par Schwob. Dans un entretien pour Apple Music, le musicien et parolier Dan Boeckner éclaire cette appropriation de la figure du roi schwobien : « Je lisais le recueil de nouvelles intitulé Le roi au masque d’or de ce Marcel Schwob. Il écrivait du point de vue de quelqu’un qui vit dans un empire au bord de l’effondrement total. Je voulais prendre le protagoniste de l’histoire principale de ce livre et l’insérer dans la chanson car j’avais l’impression que c’était une très belle métaphore pour un dirigeant qui est complètement déconnecté de sa population. Il y a le sentiment définitif que chaque jour est le même que le précédent, en un peu pire. Mais je ne voulais pas que ce soit complètement sombre, et je pense qu’existent un espoir et la possibilité de changer. » Au cœur d’une chanson qui refuse l’immobilisme d’une époque morose mais qui, aimantée par le rêve, croit à la possibilité de tout recommencer, le roi au masque d’or poursuit sa route chez les artistes pop rock. [B.F.]

 

Une lettre de Schwob à Henry-D. Davray (coll. part.)
publiée dans Spicilège 13 (2020)

Lettre autographe de Marcel Schwob à Henry-D. Davray

collection particulière

 

La Société Marcel Schwob remercie le collectionneur,

membre de la Société Marcel Schwob,

d’avoir autorisé la publication de cette lettre sur ce site.

 

Cette lettre a été reproduite et transcrite dans :

 

Agnès Lhermitte, « Henry-D. Davray et Marcel Schwob : lettres inédites », Spicilège – Cahiers Marcel Schwob, n° 13, Paris, Société Marcel Schwob, 2020, p. 127-156.

 

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Réédition du conte « Les Portes de l’opium »
Écrits stupéfiants (2019)

Marcel Schwob, « Les portes de l’opium », dans Cécile Guilbert, Écrits stupéfiants, Drogues & littérature d’Homère à Will Self, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2019, 1440 p., p. 211-216.

 

Cette anthologie de plus de mille trois cents pages offre un panorama impressionnant de textes et d’auteurs de l’Antiquité à nos jours, évoquant la consommation de substances psychotropes telles que l’opium, la morphine, l’héroïne, le cannabis, les substances psychédéliques, l’éther, la cocaïne, le crack ou l’ecstasy. Auteur du conte « Les Portes de l’opium » (Cœur double), Marcel Schwob apparaît comme l’un des nombreux auteurs de son époque à avoir été inspiré par l’opiomanie chère aux écrivains et aux voyageurs fin de siècle. La brève notice de présentation de l’auteur présente un Schwob éthéromane et « piqué » à la morphine, à l’estomac ruiné par les drogues mais la consommation des drogues par Schwob resterait à étudier plus précisément. L’image du « valétudinaire et reclus, […] délicat Marcel Schwob » confine à la légende d’un auteur avant tout addict à la lecture et drogué de livres et de textes. Le conte « Les Portes de l’opium », réédité ici intégralement, sent davantage la bibliothèque que la fumerie d’opium. [B. F.]

 

Spicilège – Cahiers Marcel Schwob n° 12 (2019)

La Société Marcel Schwob a le plaisir d’annoncer la publication de

la 12e livraison de

SPICILÈGE – CAHIERS MARCEL SCHWOB

(2019, 132 pages)

 

avec un dossier consacré à trois amis anglais de Marcel Schwob :

Gerald Kelly, Arnold Bennett, Aleister Crowley

 

Direction : Bruno Fabre

Rédaction : Bruno Fabre – Agnès Lhermitte

 

Tarif : 15 euros

Les commandes sont à adresser à la Société Marcel Schwob : societe.marcel.schwob@gmail.com

 

Éditorial

Bruno Fabre

 

 

Texte retrouvé, signé par Marcel Schwob

La Légende de saint Julien et ses illustrateurs

[sur Luc-Olivier Merson]

Marcel Schwob

 

Les avatars de l’étude de Marcel Schwob sur « La Légende de saint Julien l’Hospitalier » de Gustave Flaubert

Bruno Fabre

 

 

Dossier : trois amis anglais de Marcel Schwob :

Gerald Kelly, Arnold Bennett, Aleister Crowley

 

Gerald Kelly : ami de Schwob, portraitiste de Monelle

Bruno Fabre

 

Marcel Schwob dans les Journaux d’Arnold Bennett

Jonathan Wenger

 

Journaux d’Arnold Bennett

Texte original

Texte français

 

Deux lettres d’Arnold Bennett au sujet de Marcel Schwob

Marcel Schwob dans les Confessions d’Aleister Crowley

Bruno Fabre

 

Extraits des Confessions d’Aleister Crowley

 

Une lettre inédite d’Aleister Crowley à Marcel Schwob

(12 mars 1903)

 

Deux poèmes d’Aleister Crowley traduits par Marcel Schwob

 

Une conversation chez Marcel Schwob :

Aleister Crowley vu par Fernand Hauser

Bruno Fabre

 

Retour de l’Himalaya – Un poète voyageur

(La Presse, 3 avril 1903)

Fernand Hauser

 

 

Résonances

 

Un pastiche de Schwob par Maurice Renard

Alain Chevrier

 

À la manière de Marcel Schwob : La Rencontre

Maurice Renard

 

« Le rire du coq » : Max Ernst et Marcel Schwob

Agnès Lhermitte

 

 

Glanures

Bruno Fabre, Agnès Lhermitte, Éric Walbecq

 

Nouvelle traduction de Voyage à Samoa
Viaje a Samoa, Buenos Aires (2019)

Marcel Schwob, Viaje a Samoa – Cartas a Marguerite Moreno. Incluye cartas inéditas en español. Traducción de Sofía Traballi. Prologo de Walter Romero. Los Lápices editora, colección « Lápices clásicos », Ciudad de Buenos Aires, 2019, 190 p.

 

Il existait déjà deux éditions en espagnol du « voyage à Samoa », établies à partir de la version peu satisfaisante de Pierre Champion (Marcel Schwob, Les Œuvres complètes de Marcel Schwob, F. Bernouard, 1930) : celle de José J. de Olañeta, traduite par Jaume Pomar (1982) et celle de Editorial Valdemar, traduite par Paloma Garrido ĺñigo (1996). Comme naguère Gernot Krämer en allemand (Manapouri, Reise nach Samoa, 1901-1902, Berlin, Elfenbein Verlag, 2017 – Voir Spicilège, Cahiers Marcel Schwob n° 11, 2018), Sofía Traballi a entrepris de traduire cette fois le texte rigoureusement établi par Bernard Gauthier à partir des lettres originales (Vers Samoa, Ombres, 2002), et de publier chez un éditeur adepte des récits de voyage cet ouvrage d’un auteur recommandé par Jorge Luis Borges. Elle a choisi de recourir, pour le texte français, à l’espagnol « rioplatense », et de mettre en notes, avec quelques autres éclaircissements, la traduction des passages en d’autres langues. Sa présentation éditoriale est suivie d’un beau prologue de Walter Romero, figure argentine en vue : ce professeur à l’Université de Buenos Aires est aussi traducteur, poète et musicien de tango. Sous le titre romantique « Marcel Schwob va en barco al muere », il montre comment ce corpus épistolaire clôt la longue tradition des récits de voyage en Orient et aux confins du monde connu. Après avoir souligné l’aimantation spectrale de Stevenson sur l’expédition de Schwob, il mène, sous l’égide de Mac Orlan (Petit manuel du parfait aventurier, 1920), une fine réflexion sur les paradoxes d’un voyage où l’on part sans parvenir, et d’une écriture, vrai salut d’un voyage « pour rien », qui efface l’antagonisme entre réel et imaginaire par sa qualité visionnaire. Les descriptions notamment, « ni symbolistes ni décadentes », seraient le produit d’une stéréoscopie alliant l’imagination et le paysage, et composeraient un cosmorama érudit, une suite de fantasmagories où une prose perfectionniste tente de traduire la magie naturelle d’un paysage de mousson. Cet ouvrage élégant est agrémenté de quatre portraits de Marguerite Moreno, destinataire des lettres, tandis que la première et la dernière page interprètent une photographie de Marcel Schwob. Le fond de la couverture à rabat, d’un orangé délicat, reproduit la lettre manuscrite retrouvée du 18 novembre 1901 ; la quatrième de couverture est accompagnée d’une vignette circulaire poétique représentant un voilier devant un rivage, entre ciel et mer. [A. L.]

 

 

 

5 vies imaginaires en BD !
Las vidas imaginarias de Schwob (2019)

Laura Pérez Vernetti, Las vidas imaginarias de Schwob, Prólogo de Felipe Hernández Cava, Luces de Gálibo, Girona / Málaga, 2019, 80 p.

 

On pourrait croire, avec un tel titre, qu’il s’agit d’une biographie fictionnelle de Marcel Schwob. En réalité, une fois ouvert, le volume montre un album de bandes dessinées qui adaptent cinq des vingt-deux vies imaginaires que l’écrivain a réunies en 1896. On y découvre successivement « Cecco Angiolieri », « Clodia », « Paolo Uccello », « Septima », « Gabriel Spenser ». Ce choix substitue à l’ordre chronologique du recueil de Schwob une alternance entre des artistes masculins de l’époque moderne et des femmes de l’Antiquité. Cette liberté par rapport à l’œuvre originale annonce d’autres innovations. Selon les récits, les textes présents dans les vignettes et les scénarios de ces vies montrent plus ou moins d’écarts, notamment en leur fin, qui s’émancipe parfois des biofictions originales. Une longue note liminaire des éditeurs éclaire ces modifications. Trois de ces bandes dessinées de Laura Pérez Vernetti furent publiées en 1983, dans la revue El Víbora, en collaboration avec d’autres scénaristes, notamment Onliyú (José Miguel González Marcén). Pour cet album, la dessinatrice a repensé et amplifié ces trois opus précurseurs afin d’harmoniser leur composition et leur unité graphique avec les deux vies inédites (« Septima » et « Cecco Angiolieri »), au dessin assez naïf, en noir et blanc. Le texte en espagnol est emprunté à la traduction de Vies imaginaires par Jorge Gonzales Batlle (Barcelona, Thule, 2005). Le poète Luis Alberto de Cuenca – écrivain majeur et traducteur prolifique, à qui l’on doit une traduction de La Croisade des enfants (La Cruzada de los niños, Reino de Cordelia, 2012) et au moins deux poèmes sur Marcel Schwob (voir Spicilège n° 6, 2013, p. 127-128) – a participé à la révision des scénarios de l’album. Laura Pérez Vernetti, titulaire du Grand prix au Salon international de la bande dessinée de Barcelone en 2018 pour l’ensemble de sa carrière de dessinatrice, signe ici, près de quarante ans après ses premières adaptations de Vies imaginaires, un livre important qui s’inscrit dans la longue série de bandes dessinées inspirées par l’œuvre ou la vie de Marcel Schwob. [B. F.]

 

Marcel Schwob et Marcel Proust
lectures (2019)

Marcel Schwob & Marcel Proust, lectures [Marcel Schwob, « Il libro della mia memoria » ; Marcel Proust, « Sur la lecture »], Angoulême, éd. Marguerite Waknine, coll. « livrets d’art », 2019, 50 p. et « cahier des images », 8 p. 

 

Après une réédition de La Croisade des enfants suivi de [huit] Nouvelles de L’Écho de Paris (2013) et d’un françois villon par R. L. Stevenson [« Un logis pour la nuit »] et Marcel Schwob, [« François Villon »] (sic, 2014), les éditions Marguerite Waknine confrontent à nouveau un texte de Schwob avec un autre d’un de ses contemporains fameux, Marcel Proust. Il fallait oser placer les noms de ces deux Marcel sur la même couverture mais l’éditeur voit en eux « deux immenses auteurs ». Ajoutons que les deux hommes de lettres se sont croisés parfois dans les salons mondains de leur époque et que le poète espagnol Luis Alberto de Cuenca les a réunis aussi dans le poème intitulé « Los dos Marcelos » (1991).

Sous le titre lectures, l’éditeur a recueilli le texte de Schwob « Il libro della mia memoria », paru initialement dans le premier numéro de la revue Vers et Prose (mars-avril-mai 1905), et celui de Proust « Sur la lecture », publié en juin 1905 dans La Renaissance latine, avant de devenir, l’année suivante, la préface à sa traduction française de Sésame et les Lys de John Ruskin. À l’instar des autres volumes de la collection « Livrets d’art », l’ouvrage comprend un beau cahier iconographique d’œuvres artistiques peu connues montrant des lecteurs et lectrices partageant les plaisirs évoqués par les deux écrivains. [B. F.]