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La Croisade des enfants
une édition numérique enrichie (2017)

Marcel Schwob, La Croisade des enfants [1896], édition enrichie, numérique et collective, groupe « Lectures et Médiations Numériques », Centre d’études des langues et littératures anciennes et modernes (CELLAM), Université Rennes 2, livre au format ePub3, 2017.

 

https://groupelmn.wordpress.com/

 

C’est une démarche collective, impliquant des étudiants, des artistes et des universitaires appartenant au groupe « Lectures et médiations numériques » (CELLAM) de l’université de Rennes II qui a présidé en 2017 à l’élaboration d’une édition numérique de La Croisade des enfants de Marcel Schwob.

L’objectif de cette édition utilisant des ressources documentaires variées était de proposer au lecteur « une approche sensible et immersive » de La Croisade des enfants et d’ouvrir des pistes d’analyse en apportant un éclairage sur les sources historiques de l’auteur et sur son projet littéraire. Une plasticienne, un musicien, des comédiennes et des vidéastes se sont associés à des spécialistes de littérature pour composer les différents volets de cette édition, selon différentes approches du livre de Schwob et trois parcours. Parmi les nombreux articles, un copieux abécédaire de La Croisade des enfants, par Agnès Lhermitte, synthèse de ses travaux sur ce livre. L’ensemble, très riche, renouvelle la lecture de La Croisade des enfants et propose une bibliographie qui tient compte des recherches publiées dans Spicilège n° 3 (2010) et n° 4 (2011). On peut regretter cependant qu’un projet si ambitieux et d’aussi bonne qualité scientifique et artistique demeure si confidentiel. [B. F.]

Sommaire

 

Parcours I : Lire, parcours sensible

 

Circa idem tempus

Récit du goliard

Récit du lépreux

Récit du Pape Innocent III

Récit de trois petits enfants

Récit de François Longuejoue, clerc

Récit du kalandar

Récit de la petite Allys

Récit du pape Grégoire IX

 

Illustrations originales par Anne Guibert-Lassalle

Lecture sonore par Brigitte Prost, Melaine Vintrin et Denis Hüe. Montage : Mélodie Centurion

Création musicale par Romain Baousson, avec la contribution de Margaux Dory pour le montage

Notes par Marie-Armelle Camussi-Ni, Catherine Daniel, Solenn Dupas, Claire Kappler, Valérie Pasdeloup, Fabienne Pomel.

 

Parcours II : Explorer, premiers repères

 

Le contexte historique de la croisade des enfants, par Catherine Daniel

Le contexte général des croisades

Focus sur 1212 : les faits selon les chroniques du 13siècle

La croisade des enfants a-t-elle eu lieu ?

 

La croisade des enfants vue par des chroniqueurs du 13e siècle

(traduction des chroniques par Brigitte Hüe)

Albert de Stade, Annales de Stade

Chronique d’Aubry, moine de Trois-Fontaines

Jacques de Voragine, Chronique de la ville de Gênes

Chronique de Frère Salimbene de Adam, moine franciscain

Chronique du chanoine anonyme de Laon

La grande Chronique de Matthieu Paris

Grandes Annales de Schäftlarn

Chronique d’Ebersheim

 

Itinéraire de La Croisade des enfants de Marcel Schwob (carte)

 

Repères biographiques sur l’auteur, par Solenn Dupas

Une enfance parmi les livres

L’immersion dans le monde des lettres

L’épanouissement de l’œuvre littéraire

Les dernières années

Publications originales : repères

 

Une forme narrative originale, par Solenn Dupas

Conte ou roman ? la question du genre

Vers un réalisme « impressionniste »

Un récit polyphonique

Une œuvre ouverte

Une prose poétique

 

Abécédaire de La Croisade des enfants, par Agnès Lhermitte :

Anarchie – Blanc – Conte – Dédoré – Enfant – Fillette – Goliard – Hérésie – Ignorance/Innocence – Jésus/Jérusalem – Kalandar – Lépreux – Mer – Navire – Orient – Pitié – Questions – Route – Saint – Terreur – Universis – Voix

 

Parcours III : Approfondir, mise en perspective

 

Entretiens vidéo avec Denis Hüe et Catalina Girbea

 

Le Contexte esthétique et culturel de La Croisade des enfants, par Isabelle Durand

Romantisme et Moyen Âge

Le Moyen Âge fin de siècle

 

Représenter la croisade des enfants ?

Gustave Doré

Johann Jakob Kirchhoff

 

Foi et religion dans La Croisade des enfants, ou la mort de Dieu, par Anne Ducrey

L’idée de Dieu à la fin du 19e siècle

Partage des voix dans La Croisade des enfants : construction d’un regard critique

La Croisade des enfants ou comment penser Dieu en 1900

 

 

Lexique et système des couleurs dans La Croisade des enfants : une esthétique de l’ambiguïté, par Fabienne Pomel

Le récit du goliard : la mise en place du traitement des couleurs

Un système des couleurs : bichromie et modèle ternaire

Effet paradigmatique et contamination sémique : le trouble herméneutique du lecteur

Ambivalence des couleurs et ambiguïté herméneutique

L’hybride et l’indistinct : la mer ou la couleur variable de la traîtrise

 

De la bibliothèque au concert, par Nathalie Ronxin

Une rencontre au goût d’inachevé

Du récit polyphonique à la polyphonie récitative

Schwob réécrit Schwob

Suggérer l’incertain par soustraction ou multiplication

Le joueur de flûte en filigrane

 

Influence de Marcel Schwob dans la littérature latino-américaine, par Émilie Étemad

 

Motifs schwobiens dans les premières œuvres modernes d’Amérique latine

Alfonso Reyes, lecteur de Marcel Schwob

Jorge Luis Borges, lecteur de Marcel Schwob

 

La Croisade des enfants de David Christoffel (entretien et performance)

 

Bibliographie

 

Traductions de 2 vies imaginaires (Clodia, Erostrate)
dans 2 revues chiliennes (2019)

Marcel Schwob, « Clodia. Matrona impúdica », précédé de « Schwob : el biógrafo de la imaginación », traduction et introduction d’Eduardo Cobos, Carcaj, flechas de sentido [revue chilienne en ligne], 25 janvier 2019. http://carcaj.cl/schwob-el-biografo-de-la-imaginacion/

 

Marcel Schwob, « Eróstrato. Incendiario », traduction d’Eduardo Cobos, introduction de Juan Antonio Calzadilla, avec une xylographie de Germán Araya, Concreto Azul [revue chilienne en ligne], Santiago, 26 juin 2019. http://concretoazul.cl/erostrato-incendiario-de-marcel-schwob/

 

Eduardo Cobos, né en 1963 à Santiago du Chili, est chercheur, éditeur, traducteur et écrivain. Historien de formation, il a publié des contes dans des anthologies et plusieurs livres : Pequeños infectos (2005), La muerte y su dominio (2009), Venezuela : tres episodios de emancipación (2013), Historia del corvo (2018), Los últimos días de John McCormick (2018). En 2019, il a traduit en espagnol deux vies imaginaires de Marcel Schwob, « Clodia » et « Erostrate », publiées dans deux revues chiliennes en ligne (Carcaj, flechas de sentido et Concreto Azul). [B. F.]

Un court-métrage portugais d’après « Lucrèce, poète »
A Chuva acalanta a dor (2020)

Leonardo Mouramateus, A Chuva acalanta a dor [La Pluie apaise la douleur], court-métrage d’après la vie imaginaire de « Lucrèce, poète » par Marcel Schwob, Areosa, Portugal-Brésil, 2020, 28 min.

 

Le réalisateur brésilien Leonardo Mouramateus (né en 1991) a écrit et réalisé un court métrage de 28 minutes sur l’existence du poète et philosophe romain Lucrèce, inspiré par le conte de Marcel Schwob recueilli dans Vies imaginaires. Selon le réalisateur, A Chuva acalanta a dor est avant tout un film sur la peur de mourir.

 

Le film a été présenté pour la première fois lors de la compétition nationale du court-métrage au festival IndieLisboa, à Lisbonne, les 31 août et 4 septembre 2020. Il sera présenté au Festival du Film International de Rotterdam (IFFR) dans la compétition Ammodo Tiger (catégorie court-métrage) du 27 janvier au 7 février 2021. [B. F.]

 

Bande annonce :

Réédition du conte « La Terreur future » (Cœur double)
Robots et Chaos (2018)

Robots et Chaos, textes réunis et présentés par Christian Poslaniec, Paris, L’école des loisirs « classiques », 2018, 216 p.

 

Chef-d’œuvre de politique-fiction fantastique qui sert de clôture à « La Légende des gueux », seconde partie du premier recueil publié par Marcel Schwob (Cœur double, 1891), « La Terreur future », peu réédité, est intégré à une anthologie pour la jeunesse intitulée Robots et Chaos. Douze textes se succèdent selon une chronologie approximative : quatre extraits de précurseurs du genre (de Cyrano de Bergerac à Micromégas) et du fondamental Frankenstein de Mary Shelley, puis huit récits intégraux d’auteurs français et anglo-saxons, de la Belle Époque aux années trente, traduits ou retraduits par l’auteur du recueil en ce qui concerne les derniers. Dans une introduction claire et brève, Christian Poslaniec définit les contours de la science-fiction, sans toutefois justifier précisément le beau titre de son recueil. Celui-ci ne comporte pas d’iconographie sauf la photographie, en couverture, d’un robot humanoïde. Les textes, pourvus de notes rares et succinctes (simples explications lexicales), sont accompagnés d’une brève présentation liminaire. Celle de « La Terreur future » évoque pour finir « des massacreurs obnubilés par une idéologie extrémiste, comme le furent Hitler, Franco, Staline ou Pinochet, qui avaient leurs propres exécuteurs, humains, mais mentalement robotisés ». Cette interprétation à vocation pédagogique, en proposant au passé des exemples de dictateurs du XXe siècle, est à la fois réductrice et trompeuse en ce qu’elle occulte le contexte de la rédaction (le centenaire de la Révolution française) ainsi que la dimension anticipatrice ouverte de cette terreur « future », qui en fait un véritable récit de science-fiction, et une des meilleures illustrations du thème « robots et chaos ». [A. L.]

 

 

Une nouvelle édition de Vidas imaginarias
illustrée par Elena Ferrándiz (2018)

Marcel Schwob, Vidas imaginarias, traducción de Jorge Gonzáles Batlle, ilustraciones de Elena Ferrándiz, Barcelona, Thule Ediciones, « narrativa illustrada », 2018, 160 p.

 

Spécialisées dans les livres illustrés pour enfants et adultes, les éditions Thule ont réédité en 2018 la traduction de Vies imaginaires par Jorge Gonzáles Batlle (parue pour la première fois en 2005 chez cet éditeur dans la collection « micro mundos »). La maquette, le format du livre (14,5 x 22 cm) et les illustrations d’Elena Ferrándiz magnifient l’ouvrage de Marcel Schwob. Chaque vie imaginaire est ornée d’un dessin en pleine page qui, la plupart du temps, présente un portrait du protagoniste. Celui de Pocahontas est un des plus intéressants : la jeune indienne, vue de dos, est la seule à ne pas montrer son visage, comme pour exprimer l’impossibilité pour le lecteur d’accéder à une connaissance autre que fictionnelle de l’existence des personnages du recueil. Le réemploi du portrait de Paolo Uccello sur la première de couverture confirme la prééminence de ce personnage central du recueil, tandis que la quatrième de couverture montre le portrait d’une femme qu’on ne retrouve pas dans le livre. Faut-il voir dans ce visage – inspiré peut-être par un des dessins préparatoires pour l’ange de La Vierge aux Rochers de Vinci – un ultime portrait imaginaire, celui de Selvaggia, la compagne d’Uccello ? [B. F.]

 


Traduction de Vies imaginaires en galicien
illustrée par 22 artistes (2017)

Marcel Schwob, Vidas imaxinarias, tradución ao galego de Samuel Solleiro, Allariz, Aira, 2017, 184 p.

 

 

La publication en 2017 de Vidas imaxinarias chez l’éditeur Aira est remarquable à double titre : c’est la première fois que cette œuvre de Marcel Schwob est traduite en galicien et le livre est illustré selon un dispositif inédit. Chacun des vingt-deux récits de l’auteur a été illustré par un artiste différent (illustrateurs, bédéistes, plasticiens), tous galiciens. À la diversité et l’unicité des vies imaginaires répondent l’univers et le graphisme personnels de vingt-deux images placées en regard du texte ou intégrées à lui, selon des formules diverses. L’ouvrage est précédé d’une préface de Xosé Miranda (« Por un realismo irreal ») qui présente l’auteur et sa postérité littéraire. La quatrième de couverture définit l’œuvre comme « un clásico da literatura francesa ». L’ouvrage occupe une place unique dans la série des livres illustrés de Vies imaginaires. [B. F.]

 

 

« Le roi au masque d’or » chanté
par le groupe pop rock Wolf Parade (2020)

Wolf Parade, « The Static Age » [chanson], Thin Mind, album CD produit par John Goodmanson, Royal Mountain Records, Sub Pop Records, janvier 2020, 43 min. Paroles : Dan Boeckner.

 

Thin Mind est le cinquième album studio du groupe pop rock canadien Wolf Parade. Le cinquième titre de l’album, intitulé « The Static Age », fait allusion au personnage du roi au masque d’or, créé par Schwob. Dans un entretien pour Apple Music, le musicien et parolier Dan Boeckner éclaire cette appropriation de la figure du roi schwobien : « Je lisais le recueil de nouvelles intitulé Le roi au masque d’or de ce Marcel Schwob. Il écrivait du point de vue de quelqu’un qui vit dans un empire au bord de l’effondrement total. Je voulais prendre le protagoniste de l’histoire principale de ce livre et l’insérer dans la chanson car j’avais l’impression que c’était une très belle métaphore pour un dirigeant qui est complètement déconnecté de sa population. Il y a le sentiment définitif que chaque jour est le même que le précédent, en un peu pire. Mais je ne voulais pas que ce soit complètement sombre, et je pense qu’existent un espoir et la possibilité de changer. » Au cœur d’une chanson qui refuse l’immobilisme d’une époque morose mais qui, aimantée par le rêve, croit à la possibilité de tout recommencer, le roi au masque d’or poursuit sa route chez les artistes pop rock. [B.F.]

 

Réédition du conte « Les Portes de l’opium »
Écrits stupéfiants (2019)

Marcel Schwob, « Les portes de l’opium », dans Cécile Guilbert, Écrits stupéfiants, Drogues & littérature d’Homère à Will Self, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2019, 1440 p., p. 211-216.

 

Cette anthologie de plus de mille trois cents pages offre un panorama impressionnant de textes et d’auteurs de l’Antiquité à nos jours, évoquant la consommation de substances psychotropes telles que l’opium, la morphine, l’héroïne, le cannabis, les substances psychédéliques, l’éther, la cocaïne, le crack ou l’ecstasy. Auteur du conte « Les Portes de l’opium » (Cœur double), Marcel Schwob apparaît comme l’un des nombreux auteurs de son époque à avoir été inspiré par l’opiomanie chère aux écrivains et aux voyageurs fin de siècle. La brève notice de présentation de l’auteur présente un Schwob éthéromane et « piqué » à la morphine, à l’estomac ruiné par les drogues mais la consommation des drogues par Schwob resterait à étudier plus précisément. L’image du « valétudinaire et reclus, […] délicat Marcel Schwob » confine à la légende d’un auteur avant tout addict à la lecture et drogué de livres et de textes. Le conte « Les Portes de l’opium », réédité ici intégralement, sent davantage la bibliothèque que la fumerie d’opium. [B. F.]

 

Spicilège – Cahiers Marcel Schwob n° 12 (2019)

La Société Marcel Schwob a le plaisir d’annoncer la publication de

la 12e livraison de

SPICILÈGE – CAHIERS MARCEL SCHWOB

(2019, 132 pages)

 

avec un dossier consacré à trois amis anglais de Marcel Schwob :

Gerald Kelly, Arnold Bennett, Aleister Crowley

 

Direction : Bruno Fabre

Rédaction : Bruno Fabre – Agnès Lhermitte

 

Tarif : 15 euros

Les commandes sont à adresser à la Société Marcel Schwob : societe.marcel.schwob@gmail.com

 

Éditorial

Bruno Fabre

 

 

Texte retrouvé, signé par Marcel Schwob

La Légende de saint Julien et ses illustrateurs

[sur Luc-Olivier Merson]

Marcel Schwob

 

Les avatars de l’étude de Marcel Schwob sur « La Légende de saint Julien l’Hospitalier » de Gustave Flaubert

Bruno Fabre

 

 

Dossier : trois amis anglais de Marcel Schwob :

Gerald Kelly, Arnold Bennett, Aleister Crowley

 

Gerald Kelly : ami de Schwob, portraitiste de Monelle

Bruno Fabre

 

Marcel Schwob dans les Journaux d’Arnold Bennett

Jonathan Wenger

 

Journaux d’Arnold Bennett

Texte original

Texte français

 

Deux lettres d’Arnold Bennett au sujet de Marcel Schwob

Marcel Schwob dans les Confessions d’Aleister Crowley

Bruno Fabre

 

Extraits des Confessions d’Aleister Crowley

 

Une lettre inédite d’Aleister Crowley à Marcel Schwob

(12 mars 1903)

 

Deux poèmes d’Aleister Crowley traduits par Marcel Schwob

 

Une conversation chez Marcel Schwob :

Aleister Crowley vu par Fernand Hauser

Bruno Fabre

 

Retour de l’Himalaya – Un poète voyageur

(La Presse, 3 avril 1903)

Fernand Hauser

 

 

Résonances

 

Un pastiche de Schwob par Maurice Renard

Alain Chevrier

 

À la manière de Marcel Schwob : La Rencontre

Maurice Renard

 

« Le rire du coq » : Max Ernst et Marcel Schwob

Agnès Lhermitte

 

 

Glanures

Bruno Fabre, Agnès Lhermitte, Éric Walbecq

 

Nouvelle traduction de Voyage à Samoa
Viaje a Samoa, Buenos Aires (2019)

Marcel Schwob, Viaje a Samoa – Cartas a Marguerite Moreno. Incluye cartas inéditas en español. Traducción de Sofía Traballi. Prologo de Walter Romero. Los Lápices editora, colección « Lápices clásicos », Ciudad de Buenos Aires, 2019, 190 p.

 

Il existait déjà deux éditions en espagnol du « voyage à Samoa », établies à partir de la version peu satisfaisante de Pierre Champion (Marcel Schwob, Les Œuvres complètes de Marcel Schwob, F. Bernouard, 1930) : celle de José J. de Olañeta, traduite par Jaume Pomar (1982) et celle de Editorial Valdemar, traduite par Paloma Garrido ĺñigo (1996). Comme naguère Gernot Krämer en allemand (Manapouri, Reise nach Samoa, 1901-1902, Berlin, Elfenbein Verlag, 2017 – Voir Spicilège, Cahiers Marcel Schwob n° 11, 2018), Sofía Traballi a entrepris de traduire cette fois le texte rigoureusement établi par Bernard Gauthier à partir des lettres originales (Vers Samoa, Ombres, 2002), et de publier chez un éditeur adepte des récits de voyage cet ouvrage d’un auteur recommandé par Jorge Luis Borges. Elle a choisi de recourir, pour le texte français, à l’espagnol « rioplatense », et de mettre en notes, avec quelques autres éclaircissements, la traduction des passages en d’autres langues. Sa présentation éditoriale est suivie d’un beau prologue de Walter Romero, figure argentine en vue : ce professeur à l’Université de Buenos Aires est aussi traducteur, poète et musicien de tango. Sous le titre romantique « Marcel Schwob va en barco al muere », il montre comment ce corpus épistolaire clôt la longue tradition des récits de voyage en Orient et aux confins du monde connu. Après avoir souligné l’aimantation spectrale de Stevenson sur l’expédition de Schwob, il mène, sous l’égide de Mac Orlan (Petit manuel du parfait aventurier, 1920), une fine réflexion sur les paradoxes d’un voyage où l’on part sans parvenir, et d’une écriture, vrai salut d’un voyage « pour rien », qui efface l’antagonisme entre réel et imaginaire par sa qualité visionnaire. Les descriptions notamment, « ni symbolistes ni décadentes », seraient le produit d’une stéréoscopie alliant l’imagination et le paysage, et composeraient un cosmorama érudit, une suite de fantasmagories où une prose perfectionniste tente de traduire la magie naturelle d’un paysage de mousson. Cet ouvrage élégant est agrémenté de quatre portraits de Marguerite Moreno, destinataire des lettres, tandis que la première et la dernière page interprètent une photographie de Marcel Schwob. Le fond de la couverture à rabat, d’un orangé délicat, reproduit la lettre manuscrite retrouvée du 18 novembre 1901 ; la quatrième de couverture est accompagnée d’une vignette circulaire poétique représentant un voilier devant un rivage, entre ciel et mer. [A. L.]