Tous les articles par Bruno Fabre

Lautréamont, Schwob et Uccello
par Jean-Marc Moret (2019)

Jean-Marc Moret, De Lautréamont à Francis Bacon : les films de Cocteau comme lien intertextuel, Paris, Honoré Champion, 2019, 450 p.

 

L’auteur s’attache à démontrer que Les Chants de Maldoror imprègnent la création littéraire et artistique d’Alfred Jarry à Jean Cocteau et Francis Bacon, et constituent même le lien intertextuel de toutes les œuvres envisagées dans le volume. Parmi les productions qui auraient subi l’influence de Lautréamont, celle de Schwob irait parfois jusqu’au démarquage et au pastiche.

L’essentiel de son analyse comparée porte sur la vie imaginaire de « Paolo Uccello », pour laquelle Schwob aurait « emprunté à Lautréamont plus qu’à Vasari lui-même », étant donné aussi qu’Isidore Ducasse avait lu Vasari. La thèse de l’auteur repose sur « d’incroyables similitudes, non seulement de vocabulaire, mais aussi de style », citations à l’appui. Cependant, non seulement il n’est jamais question d’Uccello dans Les Chants de Maldoror, mais les citations émanent de passages éparpillés dans les différents chants, ce qui affaiblit considérablement la démonstration.

Une longue note fournit également une liste de comparaisons textuelles tendant à prouver que le conte « Arachné » doit beaucoup à la lecture de Lautréamont. La question de fond, que Jean-Marc Moret n’élude pas, demeure tout de même de savoir si Schwob avait vraiment lu Lautréamont, ce dont, admet l’auteur, on n’a jusqu’à présent ni trace objective ni témoignage, sauf une déclaration de Paul Fort citée par M. Saillet (Les inventeurs de Maldoror, Cognac, 1992, p. 71). Restent des ressemblances thématiques, lexicales et syntaxiques, dont il resterait à prouver qu’elles ne sont pas plus largement partagées par les écrivains de l’époque.

L’ouvrage enrichit par ailleurs les études sur l’intertextualité dont Marcel Schwob a été effectivement « un pionnier et aussi un promoteur ». Un chapitre reprend l’étude du pastiche de Schwob par Jarry dans « L’Île Cyril[1] » et la complète par l’incorporation de l’influence qu’aurait exercée Lautréamont sur les deux auteurs. Enfin, Jean-Marc Moret signale un prolongement intéressant du conte « Les Portes de l’opium » qui serait un hypotexte important du Sang d’un poète de Cocteau. On retrouve, en effet, dans le film réalisé en 1948, outre le thème de l’opium, l’homme devant la porte qui ne s’ouvre pas, la figure « jaune », les contorsions d’une créature de rêve, et, au plan 79 du film, le personnage « couché sur le plafond ». Bel exemple de fécondité de l’imaginaire schwobien ‒ à tout le moins de rencontre entre poètes du rêve. [A. L.]

 

[1] Voir Agnès Lhermitte, « “Une encre de poudre et de gin” : Dr Faustroll et M. Schwob », L’Étoile-Absinthe, tournées 111-112, Paris, Société des Amis d’Alfred Jarry, 2006, p. 117-129.

 

Table des matières :

Préface

Avant-propos

Première partie – Lautréamont et Jarry

  1. Le Miracle de Saint-Accroupi
  2. La Bataille de Morsang
  3. César-Antechrist, Ubu-roi, Gestes et opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien
  4. De l’île Cyril
  5. De l’île de Her, du cyclope et du grand cygne qui est en cristal
  6. Lautréamont, Alfred Jarry et André Salmon

Deuxième partie. Lautréamont et Papini

  1. Le memorie d’Iddio
  2. Un uomo finito
  3. Papini et Goethe
  4. « Giovanni Papini »
  5. Le silence de Papini

Troisième partie. Paolo Uccello chez Lautréamont, Schwob et les poètes jusqu’à Aragon

  1. Lautréamont
  2. Marcel Schwob
  3. Guillaume Apollinaire
  4. Antonin Artaud
  5. Jean Cocteau
  6. Philippe Soupault
  7. André Breton
  8. Louis Aragon

Quatrième partie. Francis Bacon entre Lautréamont et Cocteau

  1. Lautréamont et Bacon
  2. Le Sang d’un poète : les hypotextes
  3. Lautréamont, les Chants de Maldoror
  4. Schwob, Les portes de l’opium
  5. Apollinaire, Le poète assassiné
  6. Cocteau et Bacon
  7. Des sensibilités et des visions convergentes
  8. Le Sang d’un poète : reflets dans la peinture de Bacon

Cinquième partie. L’Orphée de Cocteau et La Mise à mort d’Aragon

Conclusion. Les surréalistes et l’intertextualité

Abréviations et bibliographie

Index des noms propres et des œuvres

Index des peintures de Francis Bacon

Liste des illustrations

Crédits photographiques

Table des matières

Marguerite Cahun par Marguerite Carpentier
une acquisition du Musée d’Orsay (2020)

L’exposition du Musée d’Orsay « Pastels. De Millet à Redon » (14 mars – 2 juillet 2023) permet de découvrir un des deux pastels donnés au musée par la collectionneuse Sophie Rieuf, fille d’une des élèves de Marguerite-Jeanne Carpentier (1886-1965), l’autrice du tableau. Celui-ci, daté de 1910, représente son amie « Marguerite Cahun dans l’appartement du boulevard Raspail ». La fille de Léon Cahun, cousine germaine de Marcel Schwob et peintre elle-même, pose élégamment affalée sur un fauteuil, dans une pièce lumineuse aux meubles couverts de housses blanches. [A. L.]

 

 

A lire : Marguerite Cahun, Une jeunesse Quai Conti (1944), extraits inédits publiés dans la revue Europe, mai 2006, p. 50-64.

 

 

Marguerite Carpentier, Marguerite Cahun dans l’appartement du boulevard Raspail, en 1910, pastel sur papier marouflé sur toile,
avec cadre H. 54,8 ; L. 45,7 cm, Don Sophie Rieuf, 2020,

©Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/Patrice Schmidt

 

Cliquer ici pour d’autres informations sur cette oeuvre

sur le site du Musée d’Orsay

Spicilège – Cahiers Marcel Schwob n° 15 (2022)

SPICILÈGE – CAHIERS MARCEL SCHWOB n° 15 (2022)

(février 2023, 204 pages)

Direction : Bruno Fabre

Rédaction :

Bruno Fabre – Agnès Lhermitte

Jean-Louis Meunier – Jonathan Wenger

Prix : 15 euros

Les commandes sont à adresser à la Société Marcel Schwob : societe.marcel.schwob@gmail.com

Éditorial

Bruno Fabre

Marcel Schwob, personnage de biofiction

De Marcel Schwob à Maurice Strauss :

Emmène-moi au bout du monde !… de Blaise Cendrars

Agnès Lhermitte

Une vie imaginaire de Marcel Schwob

par George Trembley

Bruno Fabre

Michel Schneider, Morts imaginaires

et Claude Pujade-Renaud, Chers disparus :

deux vies imaginaires de Marcel Schwob

Agnès Lhermitte

« La lèpre de Schwob »

dans Le plomb d’Arnaud Bordes

Bruno Fabre  

Une vie de Marcel Schwob « en résumé »

dans 17 de Bernard Chambaz

Bruno Fabre

Refaire et défaire Marcel Schwob

dans Vite provvisorie de Gian Luigi Saraceni

Ariane Eissen  

Vies imaginaires

Vies imaginaires de Marcel Schwob ou l’écriture incarnée

Rémi Plaud

Résonance

Deux vies imaginaires mises en musique par Marco Tutino

Agnès Lhermitte

Vite immaginarie : « Lucrezio », « Paolo Uccello »

Giuseppe Di Leva

Traduction : « Lucrèce », « Paolo Uccello »

Hélène Lhermitte et Marie-Christine Blanc

Varia

Marcel Schwob, Prime vite immaginarie (1946) :

un livre au titre trompeur

Bruno Fabre

Correspondance

La panthère, le lion et l’officière de marine.

Autour d’une lettre de Rachilde à Marcel Schwob

Julien Schuh

Lettre inédite de Rachilde à Marcel Schwob

Julien Schuh

Deux lettres inédites de Marcel Schwob à Jean Veber

Bruno Fabre

Glanures

Alain Chevrier, Bruno Fabre, Agnès Lhermitte

 

 

Traductions de textes de/sur Schwob
dans La Antorcha Magacín (Chili, 2021-2022)

Eduardo Cobos et Adolfo Vera, traductions de textes de et sur Marcel Schwob dans La Antorcha Magacín, revue en ligne publiée au Chili.

 

Après la traduction de plusieurs récits tirés de Vies imaginaires et leur parution dans des revues chiliennes en ligne, ainsi que dans une plaquette élégante, l’écrivain et traducteur Eduardo Cobos a poursuivi en 2021-2022 son activité éditoriale autour de Schwob, en proposant dans la revue qu’il dirige, La Antorcha Magacín, de nouvelles traductions, ainsi qu’une autre, signée par Adolfo Vera, professeur à l’Université de Valparaíso et grand connaisseur de Marcel Schwob. On trouvera ici une bibliographie de tous ces textes de et sur Schwob. [B. F.]

 

Remy de Gourmont, « Marcel Schwob », traducción y notas de Eduardo Cobos, La Antorcha Magacín, n° 2, Valparaíso [Chili], 1er août 2021.

https://laantorchamagacin.com/2021/08/01/marcel-schwob/

 

Marcel Schwob, « Cyril Tourneur, poeta trágico », traducción de Eduardo Cobos, La Antorcha Magacín, n° 3, Valparaíso [Chili], 4 octobre 2021.

https://laantorchamagacin.com/2021/10/04/cyril-tourneur-poeta-tragico/

 

Bruno Fabre, « Unas vidas insólitas. Schwob y sus Vidas imaginarias », traducción de Eduardo Cobos, La Antorcha Magacín, n° 4, Valparaíso [Chili], 6 décembre 2021.

https://laantorchamagacin.com/2021/12/06/https-wordpress-com-post-laantorchamagacin-com-3244/

 

Marcel Schwob, « Empédocles, Dios supuesto », traducción y nota editorial de Adolfo Vera, La Antorcha Magacín, n° 6, Valparaíso [Chili], 19 avril 2022.

https://laantorchamagacin.com/2022/04/19/empedocles-dios-supuesto/

 

Marcel Schwob, « Séptima, Encantadora », traducción de Eduardo Cobos, gravure sur bois de Germán Araya, La Antorcha Magacín, n° 10, Valparaíso [Chili], 15 décembre 2022.

https://laantorchamagacin.com/2022/12/15/septima-encantadora/

 

 

Journée des associations du CL 19
24 juin 2022

La Société Marcel Schwob participera à la Journée des associations organisée par le Comité de Liaison des associations dix-neuviémistes (CL 19), le 24 juin 2022, à Reid Hall, 4 rue de Chevreuse, 75006 Paris. 

 

Table ronde, avec la participation de Nicole Chosson (Association d’études fouriéristes), Anne-Simone Dufief  (Amis d’Alphonse Daudet), Pierre Dufief  (Société des Amis des frères Goncourt), Bruno Fabre (Société Marcel Schwob), Vincent Gogibu (Cercle des Amateurs de Remy de Gourmont), Catherine Joseph (Société Jules Barbey d’Aurevilly), Ana Orozco (Société des Lecteurs d’Henri de Régnier, Société des Amis de Saint-Pol-Roux). 

 

Un poème de Schwob en argot
dans une anthologie de Noël Arnaud (2021)

Noël Arnaud, Patrick Fréchet, Kouic. Anthologie des charabias, galimatias et turlupinades, précédée de Charabia, galimatias et turlupinades dans la poésie d’aujourd’hui (1958), Éditions du Sandre, 2021, 352 p.

 

De Noël Arnaud, écrivain rabelaisien, grand érudit et grand collectionneur, Patrick Fréchet vient d’éditer aux Éditions du Sandre un de ses nombreux ouvrages en suspens, Kouic. Anthologie des charabias, galimatias et turlupinades, précédée de Charabia, galimatias et turlupinades dans la poésie d’aujourd’hui (1958). Cette anthologie d’une grande richesse et variété, qui ravira les amateurs de singularités littéraires, comporte un chapitre « Langues de convention et de circonstance » (le jobelin, le précieux, le muscadin, le soudardant, l’argot, le loucherbem, l’enfançon), où a été retenu le « Poème en argot » de Marcel Schwob, qui commence par « Tire-Lupin et Grinche tard / S’en allaient à la sorgue, / Jaspinons tout doux » (p. 136). Il est affecté d’une date, 1927, qui s’avère être celle du volume de l’édition de ses Œuvres complètes (1867-1905), Écrits de Jeunesse (essais inédits) précédés de sa Vie et d’une Bibliographie par M. Pierre Champion, (Typographie de Charles Bernouard, Paris, 1927, p. 203-204). Le poème est interrompu pour ne pas dépasser l’espace de la page. Il voisine avec le sonnet de Robert Desnos, « Maréchal Ducono » (1944). On se réjouit que Schwob, spécialiste de l’argot ancien et curieux de l’argot de son temps, soit reconnu pour une de ses tentatives poétiques en cette langue. [Alain Chevrier].

 

2 films d’Ana Simon
inspirés par Le Livre de Monelle (1987 & 1989)

Ana Simon, La petite vendeuse de lampes (1987) et Paroles de Monelle (1989), deux films inspirés par Le Livre de Monelle.

 

Ana Simon (Roumanie, 1938 – Genève, 2018) a étudié la littérature comparée et fréquenté les milieux artistiques de plusieurs pays au cours de ses voyages. Sa connaissance du français et de l’espagnol lui permit de traduire Mircea Eliade, Marin Sorescu, Miguel de Unamuno et Charles Ferdinand Ramuz. Elle a publié plusieurs recueils de poèmes (Jardin désolé, 1995), mais son œuvre de cinéaste se compose essentiellement d’hommages « par admiration » à d’autres créateurs. Très investie pour la mémoire de son époux le comédien François Simon et de son beau-père Michel Simon, elle a également réalisé des documentaires sur des musiciens roumains comme Clara Haskil, ainsi que sur des écrivains : Benjamin Fondane (1998), d’origine roumaine lui aussi, et Jorge Luis Borges (1999). Auparavant, elle avait consacré à Marcel Schwob deux films directement inspirés par Le Livre de Monelle, l’œuvre longtemps emblématique de l’écrivain dans le monde littéraire : La petite vendeuse de lampes (1987) et Paroles de Monelle (1989). Une copie en 16 mm du premier film est conservée à la Cinémathèque suisse mais le second est pour l’heure introuvable. [A. L.]

 

A lire aussi :

https://www.cinematheque.ch/i/actualites/article/deces-dana-simon/