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Colloque sur Claude Cahun à Montréal
28-29 mai 2015

L’oncle de Claude Cahun

Quand on énumère les épigones de Marcel Schwob parmi les écrivains du XXe siècle, on évoque rarement Claude Cahun (1894-1954), auteure et photographe qui s’est rapprochée des Surréalistes. Pourtant celle-ci, née Lucy Schwob, n’est pas seulement sa nièce : ses écrits (et, dans une moindre mesure, sa photographie) doivent beaucoup à l’œuvre schwobienne. Le colloque Héritages de Claude Cahun et Marcel Moore, organisé à l’Université de Montréal les 28 et 29 mai 2015 par Andea Oberhuber et Alexandra Arvisais sous l’égide de Figura, a permis d’approfondir cette question dans la mesure où trois communications étaient consacrées à l’influence de Schwob sur Cahun.

Celle d’Agnès Lhermitte, « La nièce de Marcel Schwob », tenta de discerner, à partir de leur situation familiale, puis du champ culturel qui leur est commun, et enfin de leurs choix esthétiques (notamment le « singulier pluriel »), en quoi l’ethos littéraire de Claude Cahun fait écho à celui de Marcel Schwob. Gayle Zachmann, qui s’intéresse au Schwob journaliste, étudia, dans « Décombres de Claude Cahun : lettres et legs », la mise en cause, par l’un et l’autre auteur, des stéréotypes culturels hérités de la presse républicaine ; l’analyse de « Le Rire » de Marcel Schwob (Spicilège) servit de base à son propos. Enfin, Alexandra Arvisais donna à son intervention précise un titre explicite : « Tel oncle, telle nièce : l’héritage symboliste des Vies imaginaires dans Héroïnes et Aveux non avenus », textes modernistes très singuliers des années 1920.

« La Main de gloire »
Publication d’une anthologie de mains enchantées

« La Main de gloire » et autres mains enchantées

 

Publié le 11 mars 1893 dans L’Écho de Paris, le conte « La Main de gloire » ne fut pas recueilli du vivant de son auteur Marcel Schwob, qui délaissa alors le registre fantastique au profit de son cycle symboliste. On le trouve, rassemblé avec d’autres textes de Schwob, sous le titre « Chroniques » (Œuvres complètes, éd. de Pierre Champion, Bernouard, 1930), Dialogues d’utopie (éd. de Bernard Gauthier, Ombres, 2001) et « Contes de L’Écho » (Œuvres, éd. de Sylvain Goudemare, Phébus, 2002). Voici que la Librairie Otrante, en l’extrayant de ces ensembles hétérogènes et peu signifiants, intègre « La Main de gloire » à une anthologie thématique, Mains enchantées, et autres mains du diable, qui réunit seize nouvelles allemandes, anglaises et françaises du XIXe siècle consacrées à ce motif singulier. Du texte de Wilhelm Hauff (1825), cité par Freud dans L’inquiétante étrangeté, à ceux de Conan Doyle et Verlaine (1899), en passant par Nerval, Gautier, Maupassant et d’autres, la « fantasmagorie de la main », cette main « qui échappe » et porte le maléfice, se décline selon diverses modalités de l’épouvante, parfois teintée d’humour. Le conte de Schwob, situé sur la lande anglaise et narré par un témoin, se démarque cependant de ces topoi du genre par sa concision elliptique et énigmatique. L’imagination de Schwob lui a donné des prolongements dans les deux contes suivants : « Rampsinit » (25 mars 1893) commence sur la mention de « la main d’un mort », tandis que « La Reine Mandosiane » (8 avril 1893, intégré ensuite aux « Sœurs de Monelle »), reprend sur le mode mélancolique l’intimité des deux servantes de ferme confrontées au surnaturel. [A.L.]

Mains enchantées, et autres mains du diable. Anthologie. De Hauff à Conan Doyle, 1825-1899, préface de Florian Balduc, Editions Otrante, 2015, 198 p.

Mains de gloire

 

Anthologica, revue japonaise
n° 2 (2015) sur Marcel Schwob

« Marcel Schwob », Anthologica, n° 2, Japon, 2015, 104 p.

Kazuyuki Tsuchiya, éditeur de la jeune revue Anthologica, en consacre le deuxième numéro, coordonné par Tomohiko Shiratory et lui-même, à Marcel Schwob. Ce dossier, complété par une partie « création » d’une vingtaine de pages, comprend douze articles dont huit études dues à des plumes japonaises (sur Mimes, la Croisade des enfants, Cœur double, la filiation borgésienne…), deux écrits par Bruno Fabre (« La Société Marcel Schwob, une « association d’amis » de l’écrivain » et un inventaire : « Marcel Schwob (1867-1905) », et deux par Agnès Lhermitte (« Où en sont les études schwobiennes ? » et « Ma rencontre avec Marcel Schwob »). Le contexte d’époque est recréé par la publication d’articles de Régnier et Rachilde, d’un texte de Han Ryner (Petit manuel individualiste), d’une étude sur Rodenbach et de la ballade de Schwob « pour Gérard de Nerval ». L’univers schwobien entre en résonance avec « L’ensanglantée », fiction contemporaine de Géraldine Huchet. Kazuyuki Tsuchiya a assuré la traduction de six des textes français. La décoration de ce volume soigné s’inspire avec raffinement de l’esthétique fin de siècle. Il est illustré par de nombreuses photographies (portraits, gravures et surtout couvertures de livres), ainsi que par trois dessins (dont deux inédits) de Ricardo Godoy, un habitué de Spicilège. [A. L.]

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Marcel Schwob, du journal au recueil
par Cédric de Guido

Cédric de Guido, Marcel Schwob, du journal au recueil, Paris, Classiques Garnier, coll. « Études romantiques et dix-neuviémistes », 2015, 414 p.

 

Toutes les œuvres de Marcel Schwob ont d’abord paru dans des journaux. Les contraintes de la matrice journalistique ont pesé sur son écriture, au point qu’une distinction du journalisme et de la littérature n’est pas plus pertinente pour lui que pour beaucoup d’autres écrivains-journalistes parmi ses contemporains, pratiquant une véritable « littérature au quotidien », selon les termes de Marie-Ève Thérenty. « Journaliste du genre savant et de l’espèce rare », selon Jules Renard, Marcel Schwob propose plusieurs solutions originales pour transformer le savoir en fiction : une « marqueterie » érudite où le détail historique acquiert une fonction esthétique. [Texte de la 4e page de couverture]

 

Biblio : compte rendu de cet ouvrage par Alexia Kalantzis, Revue d’Histoire Littéraire de la France, n° 1, 2017, p. 237.

 

De Guido

Séminaire Marcel Schwob en Sorbonne
13 mars 2015

Dans le cadre du séminaire sur le XIXe siècle dirigé par MM. Paolo Tortonese et André Guyaux, une séance sera consacrée à Marcel Schwob le vendredi 13 mars de 16h à 19h.

Intervenants : Pierre Jourde,Jean-Pierre Bertrand, Cédric De Guido.

Lieu : Amphithéâtre Guizot, 17 rue de la Sorbonne, Paris.

Programme complet à cette adresse :

http://crp19.org/article/paris-3-et-paris-4

Entrée libre mais compte tenu des consignes de sécurité, il est utile d’imprimer le programme et de le montrer à l’entrée de la Sorbonne.

Info publiée par B.F.

« Les trois gabelous » (Cœur double) adaptés
en bande dessinée par Riff Reb’s

Hommes à la mer est le dernier album d’une trilogie maritime fondée sur l’adaptation d’œuvres littéraires. Après les romans graphiques inspirés de Pierre Mac Orlan (À bord de l’Étoile Matutine, 2009) et de Jack London (Le Loup des mers, 2012) le talentueux Dominique Duprez, alias Riff Reb’s, propose une adaptation de huit nouvelles d’écrivains racontant les dangers de la navigation maritime, parmi lesquelles « Les trois gabelous » (Cœur double) de Marcel Schwob, bien entouré des écrivains qu’il aimait (Poe et Stevenson) ou de l’un de ses épigones (Mac Orlan), à côté d’autres conteurs (Conrad, Hodgson). Entre chaque récit, une double page montre une illustration de grand format en noir et blanc, accompagnée d’un extrait d’autres textes d’auteurs (Homère, Sue, Condroyer, Traven, London, Hugo, Verne) évoquant le drame de l’homme et la mer. Chacune des huit nouvelles du volume est dominée par une couleur. « Les trois gabelous » de Schwob joue davantage sur le contraste entre les gris de la réalité (le clair de lune, le trio de Bretons et l’Océan) et les éclairages jaunes des visions fabuleuses (le galion fantôme et les rêves dorés des douaniers). Mais ici comme ailleurs, l’homme ne peut échapper au péril marin et au naufrage de son existence. (B.F.)

Riff Reb’s, Hommes à la mer, Huit nouvelles librement adaptées, éd. Soleil, coll. « Noctambules », 2014, 120 p.

Hommes de mer 1
Hommes de mer 2

Une illustration de « Lucrèce, poète » à l’exposition
L’Ombilic des rêves jusqu’au 4 janvier 2015

L’exposition L’Ombilic du rêve présente une sélection d’une centaine de dessins et gravures de Félicien Rops (1833-1898), Max Klinger (1857-1920), Alfred Kubin (1877-1959) et Armand Simon (1906-1981) : quatre artistes d’exception, quatre imaginaires graphiques singuliers et inquiétants entre décadence et surréalisme, avec pour obsessions communes le cauchemar, la chair, le mal, la vie, la mort. L’ensemble est saisissant : des Sataniques de Rops aux Opus de Klinger, des délires macabres de Kubin aux transcriptions des Chants de Maldoror par Simon, les visions fantasmatiques ou hallucinées de ces maîtres du dessin fascinent le visiteur. Parmi elles, l’illustration de la vie imaginaire de « Lucrèce, poète » par Armand Simon est une découverte. Sous-titrée « Marcel Schwob – Vies imaginaires V – Lucrèce. Poète », l’œuvre est référencée sans date mais un chiffre en bas à droite, après la signature de l’artiste, permet de dater ce dessin de 1950. Il appartient à la même veine graphique que « Le Secret bien gardé » ou « Une saison en enfer 3 » (1948). L’artiste a choisi de représenter Lucrèce et sa maîtresse à travers deux profils d’enfants abouchés, l’ensemble des deux bustes formant une autre image superposée, un crâne au large sourire denté. De la vie de Lucrèce, le philosophe indifférent à la mort, Armand Simon fait une vanité. Son dessin s’enrichit de détails érotiques, de motifs décoratifs à l’apparence de vulve, caractéristiques des obsessions de l’artiste. Parmi les milliers de dessins de cet artiste encore très méconnu, il n’est pas impossible que d’autres illustrations de Vies imaginaires restent à découvrir. (B.F.)

L’Ombilic du rêve, du 25 septembre 2014 au 4 janvier 2015

Centre Wallonie-Bruxelles, 127-129 rue Saint-Martin, Paris.

Schwob et Villon
dans la « Bibliothèque de la Pléiade »

Réhabilité à l’époque romantique, encensé par les littérateurs du Chat noir, le Villon du XIXe siècle a fixé l’image d’un poète mauvais garçon. Il devient à la fin du siècle objet de la recherche linguistique (Byvanck, Longnon…), de l’investigation biographique et de fictions littéraires (Stevenson, « Un logis pour la nuit »), trois domaines où excella Marcel Schwob, que la vie et les textes de Villon hantèrent sa vie durant. Or dans la seconde partie du volume de la Pléiade, consacré aux « Lectures de Villon », on ne trouve ni ses études philologiques, ni aucun extrait de son essai « François Villon », repris dans Spicilège (1896), mais le texte intégral d’une des Vies imaginaires, « Katherine la dentellière, fille amoureuse », dont l’élaboration puise abondamment dans les poèmes de Villon et dans les études que leur consacra Schwob. Les quelques notes explicitant le récit sont précédées d’une note générale qui porte essentiellement sur le recueil Vies imaginaires, avant de mentionner en quelques lignes les travaux recueillis dans le volume Mélanges d’Histoire Littéraire et de Linguistique de l’édition Bernouard (la référence des auteurs). En soulignant la fécondité de l’œuvre médiévale devenue source d’inspiration, ce parti pris littéraire rend hommage à la créativité fictionnelle de Schwob. [A.L.]

Marcel Schwob, « Katherine la dentellière, fille amoureuse », dans François Villon, Œuvres complètes, édition bilingue, édité et traduit de l’ancien français par Jacqueline Cerquiglini-Toulet et Laëtitia Tabard, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2014, p. 564-566.

Spicilège – Cahiers Marcel Schwob n° 7

La Société Marcel Schwob a le plaisir d’annoncer la publication de la 7e livraison de SPICILÈGE – CAHIERS MARCEL SCHWOB

(2014, 182 pages), centrés sur « La Légende des gueux ».

Direction : Bruno Fabre

Rédaction : Bruno Fabre – Agnès Lhermitte
Réalisation : Sylvie Douézy

Tarif : 15 euros
Les commandes sont à adresser à la Société Marcel Schwob :
societe.marcel.schwob@gmail.com

Éditorial
Bruno Fabre

Au pays du miroir : les fictions de fuite de Marcel Schwob

Robert Ziegler

Dossier : « La Légende des gueux »

Le gueux dans tous ses états

Édith Perry

Les premiers contes de Marcel Schwob et la lexicographie

Takeshi Matsumura

« Fanchon-la-Poupée » et la chanson poissarde

Bruno Fabre

Marcel Schwob, « écrivain breton » ?

Agnès Lhermitte

Résonances : autour des premiers contes

Quatre contes de Marcel Schwob illustrés par T.-A. Steinlen

Bruno Fabre

Deux épigones d’un Marcel Schwob « breton » :

Claude Cahun et Eugène Montfort

Claude Cahun : Vues et visions (1914-1919)

Agnès Lhermitte

Annexe : La forêt du Gâvre

Lucy Schwob (Claude Cahun)

Eugène Montfort : Un cœur vierge (1920)

Agnès Lhermitte

Une lettre retrouvée de Marcel Schwob à Eugène Montfort

Bruno Fabre

Des contes de Marcel Schwob

à Biserica neagră (1971) d’Anatol E. Baconsky

Gisèle Vanhese

Documents

Les brouillons de « Crève-cœur »

Agnès Lhermitte

Autour d’une dédicace de La Croisade des enfants de Gabriel Pierné

Cyril Bongers

Correspondance

Sept lettres inédites de Maurice Beaubourg à Marcel Schwob

Bruno Fabre

Annexe : Physionomies littéraires : Marcel Schwob (1891)

Maurice Beaubourg

Deux lettres inédites de Jean-Marc Bernard à Marcel Schwob

au sujet des « pieds blancs » de Villon

Bruno Fabre

Glanures : notes de lecture par Bruno Fabre et Agnès Lhermitte

couverture CMS 7

Lectures de contes de Schwob
10 et 17 octobre 2014

Après deux lectures publiques à Paris, « Le Roi au masque d’or » (Musée Henner, septembre 2012) et Ciels de feu et de glace – « La mort d’Odjigh », « L’Incendie terrestre » –  (Musée du Montparnasse, mai 2014), le comédien Jérémie Le Louët (Compagnie des Dramaticules) donne à réentendre son interprétation de ces trois contes recueillis dans Le Roi au masque d’or (1892), cette fois en province :

Le 10 octobre à 19h30, lecture de Ciels de feu et de glace, deux contes de Marcel Schwob, à la bibliothèque de Troyes.

Le 17 octobre à 20h, lecture du conte « Le Roi au masque d’or » de Marcel Schwob, en appartement à Herblay.