Actualités

Traduction de Spicilège
aux États-Unis (2022)

Marcel Schwob, Spicilege, Translated, with an introduction by Alex Andriesse, Cambridge (Massachussets, USA), Wakefield Press, 2022, 224 p.

En 2022, les éditions Wakefield ont ajouté à leur catalogue un cinquième volume de Marcel Schwob, la traduction en anglais de Spicilège (1896). Cette maison d’édition fondée en 2009 par Marc Lowenthal et Judy Feldmann s’attache à traduire des auteurs et des textes méconnus ou d’avant-garde. Les quatre premières traductions de livres de Marcel Schwob (The Book of Monelle, 2012 ; The King in the Golden Mask, 2017 ; Imaginary Lives, 2018 ; The Children’s Crusade, 2018) ont déjà fait l’objet d’une recension [1]. [B. F.]

 

[1] Spicilège – Cahiers Marcel Schwob, n° 5, 2012, p. 201 ; n° 10, 2017, p. 158 ; n° 13, 2020, p. 185.

 

Traduction en estonien de Vies imaginaires (2023)
et du Livre de Monelle (1994)

Le Livre de Monelle et Vies imaginaires traduits en estonien.

 

La première traduction de Vies imaginaires en estonien a été publiée en 2023, aux éditions Loomingu Raamatokogu, à Tallinn. Le livre est complété par la vie de Morphiel, des notes du traducteur et une préface qui dresse le portrait de l’auteur et de son œuvre. L’éditeur a également publié en 1994, une traduction du Livre de Monelle. [B. F.]

 

Marcel Schwob, Kujuteldavad elud [Vies imaginaires], traduction et notes de Malle Talvet, préface de Tiit Alekseev, Tallinn, Loomingu Raamatokogu, n° 14-15, 2023, 104 p. Disponible également en e-book.

 

 

Marcel Schwob, Monelle’I ramaat [Le Livre de Monelle], traduction et postface de Lore Listra, Tallinn, Loomingu Raamatokogu, n° 12-13, 1994, 62 p.

 

Traduction en anglais du conte « Les Sans-Gueule »
dans une anthologie de nouvelles françaises (2022)

The Penguin Book of French Short Stories. From Marguerite de Navarre to Marcel Proust (volume 1). From Colette to Marie Ndiaye (volume 2), edited by Patrick McGuinness, London, Penguin Classics, 2022.

 

Spécialiste de la littérature de la fin du XIXe siècle, auteur d’une Anthologie de la poésie symboliste et décadente (Les Belles Lettres, 2009), romancier et poète, Patrick McGuinness est connu des lecteurs de Marcel Schwob pour sa préface aux Œuvres de l’écrivain (Les Belles Lettres, 2002).

En 2022, il a publié une anthologie en anglais de nouvelles d’auteurs et d’autrices de langue française, depuis le Moyen Âge (Philippe de Laon) jusqu’à nos jours (Virginie Despentes) mais la période antérieure à 1800 est peu représentée. Marcel Schwob est l’un des quarante-trois novellistes présents dans le premier volume, aux côtés d’autres écrivains fin-de-siècle (Renard, Huysmans, Mirbeau, Richepin, Rodenbach, Lorrain, Rachilde, Fénéon, Laforgue, Léon Daudet). Patrick McGuinness a privilégié l’hétérogénéité en traduisant des classiques de la littérature française (« Claude Gueux » de Hugo, « Un cœur simple » de Flaubert, « La Vénus d’Ille » de Mérimée et « Le Horla » de Maupassant) et des œuvres bien moins célèbres (« Le Fantôme » de Jean-Pierre Camus, « Un rêve » de Xavier Forneret). En proposant un des contes de Cœur double, « Les Sans-Gueule » (« The Sans-Gueules [sic] », vol. 1, p. 434-438), Patrick McGuinness a peut-être souhaité piquer la curiosité du lecteur anglophone – celle du « chirurgien anglais [qui] fut surpris du cas, et y prit intérêt », écrit Schwob dans le récit.

Il est toujours difficile de présenter l’œuvre d’un auteur au travers d’un seul de ses textes. Dans le cas de Schwob, plusieurs choix étaient possibles : une nouvelle fantastique (« L’homme voilé »), un conte symboliste (« Le Roi au masque d’or ») ou une vie imaginaire (« Lucrèce »). Le parti pris de Patrick McGuinness est judicieux : « Les Sans-gueule » est un véritable défi herméneutique, un conte inclassable, mêlant tragédie et parodie, pathétique et humour noir, réalisme et grotesque. Très représentatif du récit bref schwobien, ce texte est un des chefs-d’œuvre de l’auteur. [B. F.]

 

Un article de Schwob sur Luscignole de Catulle Mendès
par Évanghélia Stead (2023)

Catulle Mendès, Œuvres, sous la direction de Jean-Pierre Saïdah, tome VIII, Luscignole, édition d’Évanghélia Stead, Paris, Classiques Garnier, « Bibliothèque du XIXe siècle », 2023, 193 p.

 

On connaissait peu ce roman poétique de Catulle Mendès, publié le 28 avril 1892, sinon, pour les lecteurs de Schwob, par la chronique que celui-ci lui consacra le 22 mai dans L’Écho de Paris, à la demande de l’auteur pour qui il y travaillait : « Luscignole ». Stimulé par la concurrence d’Anatole France, également sollicité, Schwob rédigea un article de haute tenue littéraire, complexe et savant, mettant en parallèle cette histoire de rossignol avec la Prokné des Oiseaux d’Aristophane.

Évanghélia Stead assure la réédition de Luscignole avec son souci de l’exactitude, l’enrichit de notes éclairantes, en assure la présentation érudite, montrant notamment que ce « roman délicat aux allures de conte de fées » réinterprète en réalité la violence du mythe ovidien de Philomèle, qu’elle connaît bien. Le texte de Mendès est suivi d’annexes dont la plus importante donne à lire quelques recensions de Luscignole dans la presse de l’époque, parmi lesquelles celle d’Anatole France et celle de Marcel Schwob.

 Évanghélia Stead souligne la perspicacité de ce dernier, seul à « percevoir l’intense mélancolie qui fait le fond du récit ». Et en effet, son article, quoique de commande, est une critique empathique jusqu’au pastiche pour ce « roman de l’innocence » (rare chez Mendès), pour cette histoire de petite fille (il a déjà publié lui-même quatre histoires de « petites filles » : « Le Sabot », « Fleur de cinq pierres », « Le Pays bleu » et « Bargette ») où la joliesse se marie avec la cruauté et l’horreur. Schwob put aussi reconnaître, dans la migration du chant du rossignol mourant dans le gosier de la petite Luscignole, celle de la voix de sa « Béatrice » (L’Écho de Paris, 14 septembre 1890) qui, sur le mode de l’épouvante, était passée, à la place de son âme, dans la gorge de son amant. Il résume ainsi l’épisode de Mendès : « Quand le pauvre rossignol mourut, son âme passa dans le sein de la petite, […] et elle eut en elle ses chants. » Plus loin, avant de faire fusionner in fine sa propre narration avec celle de Mendès en citant la dernière phrase du roman, il va jusqu’à y inclure un développement de son invention, variation sur son « Daphnis et Chloé » (L’Écho de Paris, 19 juillet 1891). Ces jeux de miroirs témoignent de la virtuosité créative du jeune journaliste/conteur, de la porosité des frontières entre les genres fictionnel et critique, ainsi que de tout un maillage de sensibilité et de culture qui relie des écrivains de l’époque. [A. L.]

 

 

 

Lautréamont, Schwob et Uccello
par Jean-Marc Moret (2019)

Jean-Marc Moret, De Lautréamont à Francis Bacon : les films de Cocteau comme lien intertextuel, Paris, Honoré Champion, 2019, 450 p.

 

L’auteur s’attache à démontrer que Les Chants de Maldoror imprègnent la création littéraire et artistique d’Alfred Jarry à Jean Cocteau et Francis Bacon, et constituent même le lien intertextuel de toutes les œuvres envisagées dans le volume. Parmi les productions qui auraient subi l’influence de Lautréamont, celle de Schwob irait parfois jusqu’au démarquage et au pastiche.

L’essentiel de son analyse comparée porte sur la vie imaginaire de « Paolo Uccello », pour laquelle Schwob aurait « emprunté à Lautréamont plus qu’à Vasari lui-même », étant donné aussi qu’Isidore Ducasse avait lu Vasari. La thèse de l’auteur repose sur « d’incroyables similitudes, non seulement de vocabulaire, mais aussi de style », citations à l’appui. Cependant, non seulement il n’est jamais question d’Uccello dans Les Chants de Maldoror, mais les citations émanent de passages éparpillés dans les différents chants, ce qui affaiblit considérablement la démonstration.

Une longue note fournit également une liste de comparaisons textuelles tendant à prouver que le conte « Arachné » doit beaucoup à la lecture de Lautréamont. La question de fond, que Jean-Marc Moret n’élude pas, demeure tout de même de savoir si Schwob avait vraiment lu Lautréamont, ce dont, admet l’auteur, on n’a jusqu’à présent ni trace objective ni témoignage, sauf une déclaration de Paul Fort citée par M. Saillet (Les inventeurs de Maldoror, Cognac, 1992, p. 71). Restent des ressemblances thématiques, lexicales et syntaxiques, dont il resterait à prouver qu’elles ne sont pas plus largement partagées par les écrivains de l’époque.

L’ouvrage enrichit par ailleurs les études sur l’intertextualité dont Marcel Schwob a été effectivement « un pionnier et aussi un promoteur ». Un chapitre reprend l’étude du pastiche de Schwob par Jarry dans « L’Île Cyril[1] » et la complète par l’incorporation de l’influence qu’aurait exercée Lautréamont sur les deux auteurs. Enfin, Jean-Marc Moret signale un prolongement intéressant du conte « Les Portes de l’opium » qui serait un hypotexte important du Sang d’un poète de Cocteau. On retrouve, en effet, dans le film réalisé en 1948, outre le thème de l’opium, l’homme devant la porte qui ne s’ouvre pas, la figure « jaune », les contorsions d’une créature de rêve, et, au plan 79 du film, le personnage « couché sur le plafond ». Bel exemple de fécondité de l’imaginaire schwobien ‒ à tout le moins de rencontre entre poètes du rêve. [A. L.]

 

[1] Voir Agnès Lhermitte, « “Une encre de poudre et de gin” : Dr Faustroll et M. Schwob », L’Étoile-Absinthe, tournées 111-112, Paris, Société des Amis d’Alfred Jarry, 2006, p. 117-129.

 

Table des matières :

Préface

Avant-propos

Première partie – Lautréamont et Jarry

  1. Le Miracle de Saint-Accroupi
  2. La Bataille de Morsang
  3. César-Antechrist, Ubu-roi, Gestes et opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien
  4. De l’île Cyril
  5. De l’île de Her, du cyclope et du grand cygne qui est en cristal
  6. Lautréamont, Alfred Jarry et André Salmon

Deuxième partie. Lautréamont et Papini

  1. Le memorie d’Iddio
  2. Un uomo finito
  3. Papini et Goethe
  4. « Giovanni Papini »
  5. Le silence de Papini

Troisième partie. Paolo Uccello chez Lautréamont, Schwob et les poètes jusqu’à Aragon

  1. Lautréamont
  2. Marcel Schwob
  3. Guillaume Apollinaire
  4. Antonin Artaud
  5. Jean Cocteau
  6. Philippe Soupault
  7. André Breton
  8. Louis Aragon

Quatrième partie. Francis Bacon entre Lautréamont et Cocteau

  1. Lautréamont et Bacon
  2. Le Sang d’un poète : les hypotextes
  3. Lautréamont, les Chants de Maldoror
  4. Schwob, Les portes de l’opium
  5. Apollinaire, Le poète assassiné
  6. Cocteau et Bacon
  7. Des sensibilités et des visions convergentes
  8. Le Sang d’un poète : reflets dans la peinture de Bacon

Cinquième partie. L’Orphée de Cocteau et La Mise à mort d’Aragon

Conclusion. Les surréalistes et l’intertextualité

Abréviations et bibliographie

Index des noms propres et des œuvres

Index des peintures de Francis Bacon

Liste des illustrations

Crédits photographiques

Table des matières

Marguerite Cahun par Marguerite Carpentier
une acquisition du Musée d’Orsay (2020)

L’exposition du Musée d’Orsay « Pastels. De Millet à Redon » (14 mars – 2 juillet 2023) permet de découvrir un des deux pastels donnés au musée par la collectionneuse Sophie Rieuf, fille d’une des élèves de Marguerite-Jeanne Carpentier (1886-1965), l’autrice du tableau. Celui-ci, daté de 1910, représente son amie « Marguerite Cahun dans l’appartement du boulevard Raspail ». La fille de Léon Cahun, cousine germaine de Marcel Schwob et peintre elle-même, pose élégamment affalée sur un fauteuil, dans une pièce lumineuse aux meubles couverts de housses blanches. [A. L.]

 

 

A lire : Marguerite Cahun, Une jeunesse Quai Conti (1944), extraits inédits publiés dans la revue Europe, mai 2006, p. 50-64.

 

 

Marguerite Carpentier, Marguerite Cahun dans l’appartement du boulevard Raspail, en 1910, pastel sur papier marouflé sur toile,
avec cadre H. 54,8 ; L. 45,7 cm, Don Sophie Rieuf, 2020,

©Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/Patrice Schmidt

 

Cliquer ici pour d’autres informations sur cette oeuvre

sur le site du Musée d’Orsay

Spicilège – Cahiers Marcel Schwob n° 15 (2022)

SPICILÈGE – CAHIERS MARCEL SCHWOB n° 15 (2022)

(février 2023, 204 pages)

Direction : Bruno Fabre

Rédaction :

Bruno Fabre – Agnès Lhermitte

Jean-Louis Meunier – Jonathan Wenger

Prix : 15 euros

Les commandes sont à adresser à la Société Marcel Schwob : societe.marcel.schwob@gmail.com

Éditorial

Bruno Fabre

Marcel Schwob, personnage de biofiction

De Marcel Schwob à Maurice Strauss :

Emmène-moi au bout du monde !… de Blaise Cendrars

Agnès Lhermitte

Une vie imaginaire de Marcel Schwob

par George Trembley

Bruno Fabre

Michel Schneider, Morts imaginaires

et Claude Pujade-Renaud, Chers disparus :

deux vies imaginaires de Marcel Schwob

Agnès Lhermitte

« La lèpre de Schwob »

dans Le plomb d’Arnaud Bordes

Bruno Fabre  

Une vie de Marcel Schwob « en résumé »

dans 17 de Bernard Chambaz

Bruno Fabre

Refaire et défaire Marcel Schwob

dans Vite provvisorie de Gian Luigi Saraceni

Ariane Eissen  

Vies imaginaires

Vies imaginaires de Marcel Schwob ou l’écriture incarnée

Rémi Plaud

Résonance

Deux vies imaginaires mises en musique par Marco Tutino

Agnès Lhermitte

Vite immaginarie : « Lucrezio », « Paolo Uccello »

Giuseppe Di Leva

Traduction : « Lucrèce », « Paolo Uccello »

Hélène Lhermitte et Marie-Christine Blanc

Varia

Marcel Schwob, Prime vite immaginarie (1946) :

un livre au titre trompeur

Bruno Fabre

Correspondance

La panthère, le lion et l’officière de marine.

Autour d’une lettre de Rachilde à Marcel Schwob

Julien Schuh

Lettre inédite de Rachilde à Marcel Schwob

Julien Schuh

Deux lettres inédites de Marcel Schwob à Jean Veber

Bruno Fabre

Glanures

Alain Chevrier, Bruno Fabre, Agnès Lhermitte

 

 

Traductions de textes de/sur Schwob
dans La Antorcha Magacín (Chili, 2021-2022)

Eduardo Cobos et Adolfo Vera, traductions de textes de et sur Marcel Schwob dans La Antorcha Magacín, revue en ligne publiée au Chili.

 

Après la traduction de plusieurs récits tirés de Vies imaginaires et leur parution dans des revues chiliennes en ligne, ainsi que dans une plaquette élégante, l’écrivain et traducteur Eduardo Cobos a poursuivi en 2021-2022 son activité éditoriale autour de Schwob, en proposant dans la revue qu’il dirige, La Antorcha Magacín, de nouvelles traductions, ainsi qu’une autre, signée par Adolfo Vera, professeur à l’Université de Valparaíso et grand connaisseur de Marcel Schwob. On trouvera ici une bibliographie de tous ces textes de et sur Schwob. [B. F.]

 

Remy de Gourmont, « Marcel Schwob », traducción y notas de Eduardo Cobos, La Antorcha Magacín, n° 2, Valparaíso [Chili], 1er août 2021.

https://laantorchamagacin.com/2021/08/01/marcel-schwob/

 

Marcel Schwob, « Cyril Tourneur, poeta trágico », traducción de Eduardo Cobos, La Antorcha Magacín, n° 3, Valparaíso [Chili], 4 octobre 2021.

https://laantorchamagacin.com/2021/10/04/cyril-tourneur-poeta-tragico/

 

Bruno Fabre, « Unas vidas insólitas. Schwob y sus Vidas imaginarias », traducción de Eduardo Cobos, La Antorcha Magacín, n° 4, Valparaíso [Chili], 6 décembre 2021.

https://laantorchamagacin.com/2021/12/06/https-wordpress-com-post-laantorchamagacin-com-3244/

 

Marcel Schwob, « Empédocles, Dios supuesto », traducción y nota editorial de Adolfo Vera, La Antorcha Magacín, n° 6, Valparaíso [Chili], 19 avril 2022.

https://laantorchamagacin.com/2022/04/19/empedocles-dios-supuesto/

 

Marcel Schwob, « Séptima, Encantadora », traducción de Eduardo Cobos, gravure sur bois de Germán Araya, La Antorcha Magacín, n° 10, Valparaíso [Chili], 15 décembre 2022.

https://laantorchamagacin.com/2022/12/15/septima-encantadora/